31.10.14

Revue de presse 31 octobre 2014




L'heure du retrait :

Le 27 octobre dernier, une courte et sobre cérémonie, au "Camp Bastion", province de Helmand, entérinait la fin de mission des troupes de sa Royale Majesté en Afghanistan. A l'exception d'un contingent de forces spéciales et d'une équipe de formation auprès des troupes afghanes, l'ensemble des militaires anglais sera rentré pour la fin de l'année.









 Ainsi que le rappelle le Telegraph, la présence britannique dans le pays aura duré 13 ans et coûté la vie à 453 de ses soldats. L'un des officiels afghans qui assistait à la cérémonie, le Major Général Seyed Malook, a déclaré être "spécialement reconnaissant aux mères qui ont envoyés ici des fils qui ne sont jamais revenus".
Le sacrifice d'un enfant n'est pourtant pas du goût de Lucy Aldridge, l'une de ces mères concernées, qui exige une commission d'enquête sur cette guerre. Elle déclare : "je pense que, dès le départ, ce conflit était mal conçu, mal planifié et il me semble que l'on doive revenir dessus avec attention, une fois le retrait effectué". Sa réclamation est étayée par le journaliste Peter Oborne, lequel explique qu'il y a des questions qui demandent des réponses, comme celle de savoir pourquoi les troupes étaient si mal préparées lorsqu'elles sont arrivées dans le Helmand, en 2006. Il se demande si les responsables gouvernementaux, Tony Blair et John  Reid - alors secrétaire à la défense - n'auraient pas, à l'époque, contraint les généraux anglais à l'engagement contre l'avis de ces derniers. Il rappelle que ce n'était pas là le premier conflit britannique en Afghanistan, puisqu'il y a eu le précédent de 1839-1842. Déjà, à la fin de cette expédition, en 1843, il s'était trouvé des journaux pour interpeller le gouvernement et sommer celui-ci de s'expliquer quant aux raisons du désastre militaire par lequel s'était conclue cette aventure. Les mêmes questions, termine Peter Oborne, s'appliquent à aujourd'hui et attendent toujours des réponses.
C'est que, de l'avis général, le bilan des forces de l'OTAN dans cette province du Helmand est loin d'être positif. Ainsi, Libération observe que, malgré une présence militaire qui a compté jusqu'à 40 000 hommes, la production d'opium dans la région bat de nouveaux records et la présence des talibans s'est encore accrue, du fait de négociations mal menées avec les chefs tribaux et de ratés dans la coordination des forces occidentales.
Même avis du côté de The Independant, qui titre "Quelle que soit la façon dont vous la racontez, l'histoire de l'intervention britannique en Afghanistan est une tragédie". Les raisons premières de l'entrée en guerre - abattre le terrorisme - se sont floutées avec le temps, et les autorités, tant anglaises qu'américaines, ont dû plusieurs fois "relooker" (rebranding) les opérations afin qu'elles paraissent toujours rationnelles. Mais, analyse le journal : "si nous étions supposés être là-bas pour contrer le terrorisme, aider les afghans à construire une nouvelle société et des infrastructures démocratiques, promouvoir et faire avancer les droits des femmes, éradiquer le commerce de la drogue, la réalité est que nous n'étions pas équipés pour faire tout cela et que nous n'avions rien à faire dans ce pays".
Le Washington Post, lui, s'essaye à un prudent optimisme. Certes, il est à craindre que le Helmand retombe sous la coupe des talibans mais cette région servira de "baromètre" afin de déterminer si un tel retrait peut se faire sans conduire à plus de violence dans le pays. Selon le journal, les forces afghanes et celles de l'OTAN estiment que celles des talibans sont "exagérées" et que l'ANA (Armée Nationale Afghane) contrôle l'endroit, qu'elle saura faire face, qu'elle a déjà réussi à repousser plusieurs attaques sur des checkpoints au cours de l'été dernier. C'est les mots d'un Marine, Jordan Cruz, qui concluent l'article : "Après tant de sang, de ressources et d'argent investis, je ne pense pas que les afghans supporteraient de perdre cette province. Mais c'est important pour le peuple américain de savoir que nous rentrons à la maison. On ferme tout, on prend l'avion et on rend aux afghans ce coin de leur pays".

L'Afghanistan loin de l'occident ?

Le retrait anglais est peut-être en passe de marquer la fin de la collaboration entre les autorités afghanes et les pays occidentaux.

Wooing China: President Ashraf Ghani (r) is greeted by his host, President Xi Jinping

Ainsi, la Voix de la Russie observe que le premier déplacement officiel du nouveau président afghan, Ashraf Ghani, hors de ses frontières, ne se fait pas aux États-Unis mais... en Chine. La politique américaine, analyse le journal, est complètement discréditée tant en Afghanistan qu'auprès de ses partenaires régionaux, et Mr. Ghani cherche de nouveaux appuis. Or, la Chine a 30 projets d'investissement en Afghanistan, ce qui la place en position très favorable pour y négocier ses placements, en assurer la sécurité et, arrière-plan politique oblige... contraindre le gouvernement afghan à combattre le soutien des islamistes aux "rebelles indépendantistes" ouïghours du Xianjiang.
La visite du nouveau leader afghan à Pékin fait l'objet d'un long reportage que l'on peut voir sur Channel News Asia.
Selon The Diplomat, le président chinois Xi Jinping se serait déjà engagé sur 330 millions de dollars d'aide pour les trois prochaines années. Par ailleurs, le dernier jour de la visite officielle coïncide avec avec le forum régional sur l'Afghanistan, accueilli par la Chine et qui réunit, entre autres et outre cette dernière, des représentants d’Azerbaïdjan, d'Inde, du Pakistan, de la Russie ou des émirats d'Arabie. La présence attendue de Mr. Ghani à ce forum devrait permettre à ces pays de s'unir pour aider à la stabilité politique en Afghanistan, et à Xi Jinping d'asseoir la position de leader de la Chine de cette nouvelle coalition... non armée.
La BBC fait aussi écho à cette visite officielle et note que certains y voient l'opportunisme commercial de la Chine, ce qui fait dire à Zhao Gancheng, analyste économique pour l'Asie du sud, que :"L'ouest n'a pas à médire sur les investissements chinois en Afghanistan, alors que les États-Unis et les forces de l'OTAN ont causé là-bas d'importants dommages civils, un effondrement de l'économie et des troubles sociaux depuis 13 ans".

Pour conclure :

Loin de la redéfinition d'une nouvelle donne diplomatique et économique en Afghanistan, Libération dresse le sympathique portait de quelques basketteuses afghanes.

Une joueuse de l'équipe de basket en fauteuil roulant de Kaboul contre l'équipe de  Mazar-i-Sharif en finale de la troisième compétition annuelle organisée par la Croix Rouge internationale à Kaboul le 29 octobre 2014

Leur particularité et de jouer en fauteuil roulant, puisque toutes sont des victimes collatérales de 35 ans de guerre. Malgré cela, elles visent l'intégration de l'équipe nationale handisport et souhaitent participer à des compétitions internationales.









 
































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