24.10.14

Revue de presse 24.10.2014

L'Afghanistan en français :

Une fois n'est pas coutume. Alors que notre revue de presse va majoritairement chercher ses sources dans les médias anglophones, l'Afghanistan fait cette semaine un retour en force dans la sphère francophone.

C'est d'abord Françoise Hostalier, présidente du club France-Afghanistan, qui, sur le site Euro Défense-France, s'interroge sur les suites de la dernière élection présidentielle, au "pays de tous les possibles". Au-delà de l'exercice démocratique raté et de la personnalité d'Ashraf Ghani, l'auteure souligne que la communauté internationale ne doit pas renouveler les erreurs du passé faites par les soviétiques en 1989 et les américains en 2003, et a l'obligation de poursuivre auprès du gouvernement afghan un soutien technique et financier, sous peine de pérenniser une instabilité politique qui favoriserait le retour des talibans. Par ailleurs, regrette-t-elle, il est dommage que l'Europe, présente sur le terrain dès le début du dernier conflit, n'ait pas su s'harmoniser afin de contrebalancer l'hégémonie anglo-saxonne. Un manque de concertation, une absence de coordination entre les pays du vieux continent ont empêché à la fois des économies d'échelle et de capter l'attention des afghans, lesquels avaient un réel besoin d'un autre interlocuteur que les États-Unis.

 

Clément Therme, chercheur associé à l'EHESS, dans Le Monde, analyse la nouvelle donne politique afghane. Pour lui, deux facteurs expliquent les difficultés auxquelles se heurtent la reconstruction. Au plan interne, les dernières élections tendent à prouver que la mobilisation du vote pachtoune - malgré les querelles de chiffres et la fraude constatée - aurait largement contribué à porter Ashraf Ghani au second tour. Son succès final, au yeux des pachtounes, marque la victoire de leur clan, majoritaire, sur les autres constituantes du pays. Le volet ethnique de l'Afghanistan, doublé de théories conspirationnistes censées expliquer les plans de domination d'un clan sur les autres, peuvent être un puissant facteur de déstabilisation. Au plan externe, alors que deux discours s'affrontent dans le pays à propos de l'intervention étrangère - ceux qui la jugent indispensable et ceux qui en pointent les coûts humains et matériels - l'auteur pointe le rôle décisif jouée par John Kerry, en août dernier, dans la médiation entre Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah. L'intervention du secrétaire d'état américain en faveur d'une forme de pouvoir partagé à certainement évité une explosion ethnique et politique du pays.



De son côté, le Hufington Post revient sur "Bibi Gul", la première dame d'Afghanistan, pleinement associée à la campagne de son mari puisqu'elle l'aurait aidé à conquérir les voix de l'électorat féminin en milieu urbain, au cours de la campagne présidentielle. Le journal dresse le portait d'une femme prudente, soucieuse de respecter la culture afghane mais déterminée à profiter de sa position pour faire avancer la cause des femmes. Un activisme réformateur modéré, qui risque pourtant de déplaire à la frange la plus conservatrice du pays, qui déjà, n'hésite pas faire courir de fausses rumeurs sur sa prétendue volonté de convertir le peuple au christianisme. Au-delà de ces coups bas, le journal s'interroge sur l'obstacle que Rula Ghani pourrait constituer dans les discussions de réconciliation du gouvernement avec les talibans. En effet, si ces derniers ne peuvent être vaincus par la force, alors des manœuvres politiques sont nécessaires pour arriver à une forme d'équilibre avec les insurgés, qui représentent, quoique l'on fasse, une puissance nationale incontournable. Or, la vision talibane de la société exclut tout personnage féminin fort au somment de l'état, ce qui pourrait faire de Bibi Gul une pierre d'achoppement lors des tractations à venir.


La volonté de Rula Ghani de faire avancer la cause féminine dans son pays s'illustre dans l'histoire rapportée par La Libre Belgique, dans laquelle nous faisons connaissance avec Shoeila, 24 ans, emprisonnée alors qu'elle fuyait le mari choisi par son père, lorsqu'elle avait cinq ans. A seize ans, la veille de son mariage avec un homme qui en a plus de cinquante, elle décide de fuir, aidée de son cousin, et le couple tombe amoureux, donne naissance à un enfant. Retrouvés, les deux amants sont condamnés à plusieurs années de prison. Aidée par une association, la jeune femme parvient à divorcer de ce mariage dont elle ne voulait pas mais sa famille la menace de mort. Depuis, libérée, elle attend la sortie de prison de son compagnon tout en cachant de ses proches.


Enfin, comme en lien avec ce qui précède, Libération propose un état des lieux des mariages sur Kaboul. Dans la capitale, l'organisation des cérémonies, avec l'émergence des wedding halls, est devenue une véritable industrie qui a imposé un modèle économique quasi-unique, extrêmement coûteux pour les familles, qui asphyxie les couples avec de petits moyens ou les oblige à reporter leur union de plusieurs années. Or, un autre modèle, venu de plusieurs autres pays d'Asie, est en train de concurrencer cette hégémonie. Il s'agit du mariage collectif, qui unit plusieurs dizaines de couples en une seule fois, sans qu'ils ne déboursent beaucoup puisque la fête est payée par des organisations caritatives religieuses. Les témoignages recueillis traduisent un véritable soulagement, celui de pouvoir accéder à cette importante cérémonie sans s'endetter pour des années, et plaident pour la généralisation du procédé.











 









 





















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