3.11.14

Revue de presse 7 novembre 2014

De la francophilie de Rula Ghani... :

Alors que la première dame d'Afghanistan avait déjà accordé quelques interviews à des médias locaux ou anglophones, c'est à l'équipe du journaliste Emmanuel Parisse, de l'AFP Kaboul, que celle-ci réserve la teneur d'un long entretien dans un "français parfait".
L'évènement est suffisamment important pour qu'Emmanuel Parisse en raconte le making-off sur le blog de l'agence. De l'interdiction d'amener des stylos - fournis par le palais - aux passages successifs d'importants contrôles de sécurité, longue est la route qui mène à Bibi Gul. Celle-ci, vêtue du carré Hermès qu'elle portait lors de ses études à Paris, et qu'elle a retrouvé dans ses tiroirs, revient longuement sur ses années françaises, les cours à Science Po, l'animation de Saint-Germain, l'irruption de mai 68, qu'elle a trouvé "intéressant" mais pour lequel elle n'était pas "mûre politiquement". C'est en 1969 que Rula Ghani retrouve le Liban, où vit sa famille, et qu'elle occupe son premier emploi, au sein de... L'AFP ! A l'université de Beyrouth, elle rencontre le futur président de l'Afghanistan, qu'elle suit dans ce pays pendant trois ans. Au moment de l'arrivée des russes, le couple part aux États-Unis, où il passera les vingt-quatre années suivantes.

La première dame d'Afghanistan répond aux questions des journalistes de l'AFP  Clotilde Gourlet, Issam Ahmed et Emmanuel Parisse, le 30 octobre 2014 au palais présidentiel de Kaboul (AFP / Shah Marai)

De cet entretien, Libération en tire plusieurs extraits qui mettent l'accent sur les identités multiples de Rula Ghani, libanaise, chrétienne, francophile, anglophone, et son souhait de profiter de toutes afin d'en tirer le meilleur. Elle confie réfléchir encore au contour à donner au rôle de premier plan qu'elle devra jouer dans les mois à venir.
De son côté, Le Monde insiste sur le soutien de Rula Ghani à la loi française sur l'interdiction du Niqab : "En ce qui concerne la politique française envers le niqab et la burqa, qui empêchent la femme de se déplacer en pouvant voir, par ce le niqab, c'est un peu comme des œillères, je suis tout à fait d'accord avec le gouvernement français". Sa position est par contre beaucoup souple sur la question du foulard, qui devrait, pense-t-elle, n'offusquer personne. Et de rappeler que, lorsqu'elle était à Science Po, toutes les jeunes filles portaient un carré Hermès sans que cela ne gêne quiconque... La comparaison n'est pas forcément heureuse mais laisse deviner une volonté d'équilibre sur cette question sociétale.

... A la sinophilie d'Ahsraf Ghani :

C'est de plus en plus clair, le grand partenaire de l'Afghanistan, demain, sera très certainement la Chine. Dans un très long article intitulé Le pragmatisme chinois et le bourbier afghan, Question Chine analyse le pourquoi de cet engagement. Pékin, semble-t-il, craint par dessus tout l'influence des talibans dans sa province du Xinjiang, au point d'avoir toujours entretenu, avec ces derniers, des relations discrètes mais intenses, et ce dès 1999. Afin d'être sûre que le régime extrémiste ne ferait pas de l'Afghanistan la base arrière des séparatistes ouïghours, la Chine s'est vite engagée à offrir au pouvoir taliban aide alimentaire, matériel militaire et millions de dollars. Cette aide a même été institutionnalisée au sein de l'ONU, ou Pékin s'est toujours abstenu de soutenir les propositions de sanctions internationales contre les hommes du Mollah Omar.


Aujourd'hui, la Chine apparaît comme l'acteur incontournable dans le processus de stabilisation de l'Afghanistan, au terme de l'échec de l'OTAN et du retrait programmé de celle-ci. Forte de sa puissance financière, de son expérience en matière de développement d'infrastructures et d'exploitation des sols, elle peut aussi mettre en avant son opposition systématique aux opérations militaires et de fortes relations avec le Pakistan, acteur obligé de la pacification de la région.
Pékin envisage toutes les options possibles, y compris de nouvelles tractations avec les talibans s'ils revenaient au pouvoir, afin de préserver sa sécurité intérieure. Car une chose reste sûre : la Chine ne s'engagera jamais militairement sur le territoire afghan : "même quand le dernier soldat américain aura quitté le sol afghan, la Chine ne prendra jamais la place de États-Unis et de l’OTAN pour tenter une médiation qui s’appuierait sur une expression de puissance". Pékin, par contre, promet à Kaboul une aide directe, financière et matérielle, à hauteur de 327 millions de dollars sur les trois prochaines années, et va lancer ses entreprises publiques dans le secteur minier, les infrastructures d'énergie et de transport afin de "participer à la reconstruction pacifique" du pays.

Des femmes, des affiches et des enfants :

Les Nations-Unies annoncent la visite en Afghanistan de son rapporteur sur les violences faites aux femmes, Madame Rashida Manjoo, entre le 4 et le 10 de ce mois. Son travail sera d'y mener la première évaluation de cette question depuis 2005. Elle rencontrera des acteurs gouvernementaux et de la société civile afin de dresser un état des lieux de la situation et d'envisager avec eux des mesures concrètes de lutte contre ce problème.

Le Ministère de l'Intérieur afghan, signale Channel News Asia, vient de lancer une vaste campagne visant à interdire "l'image dégradante de la femme dans la publicité". Depuis 2001, les panneaux publicitaires fleurissent pour la promotion de divers produits de consommation. Or, estime le communiqué du Ministère, l'utilisation de modèles féminins dans ces campagnes marketing "font la promotion de la destruction culturelle, répandent l'immoralité et mènent l'esprit de nos jeunes à l'immoralité". 

L’Afghanistan en campagne contre les femmes dans les publicités

Enfin, la MANUA (Mission d'Assistance des Nations Unies en Afghanistan) applaudit l'adoption d'une loi par le parlement, le 5 novembre, qui vise à pénaliser le recrutement d'enfants dans les rangs des forces publiques. Cette loi, qui doit encore être ratifiée par la Chambre Haute et le président, devrait interdire l'enrôlement, souvent forcés, de jeunes garçons dans la police ou l'armée, dont certains ont à peine 8 ans.

































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