25.9.14

Revue de presse 26.09.14

 L'Afghanistan tient son nouveau président :

La commission électorale indépendante a finalement tranché, le 21 septembre dernier, entre Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani. C'est finalement le second qui succède à Hamid Karzaï. Selon Le Figaro, ce résultat, annoncé au terme de deux mois d'atermoiements et d'accusations mutuelles de fraudes entre les deux finalistes, est donné sans les pourcentages des voix finalement attribuées à l'un ou l'autre, et parce que, comme l'explique Ahmad Yusuf Nouristani, président de la commission électorale, cette dernière avait le "devoir" d'arriver à une décision.
Image illustrative de l'article Ashraf Ghani
Ashraf Ghani Ahmadzai
Dans une interview accordée au Monde, Ashraf Ghani, 65 ans, anthropologue de formation, ancien enseignant à l'université de Berkeley, collaborateur à la Banque Mondiale et ex-ministre des finances sous le gouvernement Karzaï, entre 2002 et 2004, explique au journal être parvenu à un accord avec son rival, Mr. Abdullah, sur un texte mutuellement acceptable, qui jettera les bases d'un gouvernement d'union nationale. Les priorités de ce dernier seront de renforcer la stabilité du pays, d'y impulser une économie compétitive, d'instaurer un système de gouvernance adapté, et d'imaginer un état de droit à même de faire cesser la corruption.

Le Times of India revient longuement sur la fin de ce suspens qui durait depuis avril dernier, en précisant que, si nul chiffre n'a été communiqué pour valider le choix d'Ashraf Ghani plutôt qu'Abdullah Abdullah, c'est pour empêcher d'éventuelles flambées de violences ou de contestations dans le pays. Le journal, par ailleurs, précise que l'accord auquel les deux hommes sont arrivés fait de Mr. Abdullah le directeur général ("chief executive") du nouveau gouvernement d'union nationale, ce qui équivaut à une forme de partage du pouvoir. Malgré le soulagement exprimé par les officiels des États-Unis et de l'ONU, le Times of India analyse que ce résultat final est plus l'aboutissement de négociations bien menées que d'un juste décompte des voix, sur l'ensemble desquelles toute une série de fraudes laissaient peser de lourds doutes.

C'est d'ailleurs sur ce dernier point que revient le New York Times, en expliquant que, malgré les menaces des talibans, des millions d'afghans ont fait le choix de défier les représailles afin de s'exprimer en masse, et que la conclusion de ces élections ressemble trop à un arrangement entre élites pour que l'exercice démocratique apparaisse comme valide. Pour preuve, le journal avance des documents obtenus auprès de sources distinctes ("separate sources") de la commission électorale, qui font état d'un total de 7,97 millions de bulletins, dont le décompte donne 55% à Mr. Ghani et 45% à Mr. Abdullah. Or, en retranchant de ces totaux les bulletins litigieux - lesquels se montent à 852 142 -, le résultat s'inverse... Ce qui fait tenir à Thijs Berman, le responsable de la mission d'observation des élections afghanes pour la Commission Européenne, les propos suivants : "Je ne vois pas pourquoi, sinon du fait d'une attitude néo-coloniale, la transparence devrait être déniée aux citoyens afghans, alors que nos propres citoyens, de la Californie à la Suède, demandent à connaître les détails des décisions politiques. Si les résultats apparaissent comme trop incertains, cela peut se comprendre mais cela devrait aussi être dit aux citoyens afghans. Je reconnais qu'il n'y a pas d'autre choix que cet accord politique final, mais cela ne doit pas priver pas les gens de leur droit à savoir."

Helena Malikyar, historienne et analyste politique afghane, s'interroge, elle, sur le sens de ces élections. Dans une tribune publiée dans Aljazeera, elle se demande si ce résultat ne marque pas déjà la "mort de la démocratie" dans ce pays, selon la formule devenue virale sur les réseaux sociaux, parmi la jeunesse afghane. Cet arrangement entre candidats est perçu, selon l'auteur, comme un important contretemps dans le processus de démocratisation de l'Afghanistan, et le fait de ne pas tenir compte du vote de millions de citoyens va fortement faire douter ces derniers de la confiance qu'ils pourraient accorder à un tel processus. Toutefois, nuance-t-elle, avec l'instauration de ce nouveau gouvernement, malgré tout ses défauts, les bailleurs internationaux ont une nouvelle chance d'investir sur le long terme dans le pays, principalement dans sa démocratisation et non plus pour y maintenir à tout prix une stabilité superficielle.

Quoiqu'il en soit, et maintenant que la question est légalement tranchée, de gros dossiers attendent le nouveau président, selon l'analyse du Telegraph. En effet, Mr. Ghani devra, dans un premier temps, finaliser l'accord bilatéral de sécurité avec les États-Unis - celui même que Mr. Karzaï se refusait à signer -, accord dont l'objectif est d'autoriser les américains à laisser sur le sol afghan quelques milliers de leurs soldats après 2014 - date butoir pour le retrait des troupes internationales -, principalement dans le but de poursuivre la formation des forces nationales. C'est là, selon le journal, le passage obligé pour contenir un éventuel retour des talibans et donner une chance au pays de se renforcer dans sa volonté d'unification.



























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