2.10.14

Revue de presse 03.10.14

Intronisation d'Ashraf Ghani à la tête de l'état :

Le 29 septembre dernier, Ashraf Ghani a donc officiellement été confirmé dans sa nouvelle fonction de Président de la République Islamique d'Afghanistan, au terme d'une cérémonie placée sous haute sécurité, pendant laquelle Kaboul était cadenassé.
Ces mesures exceptionnelles n'ont pas empêché les talibans de lancer plusieurs attaques le jour même et dans ceux qui suivaient, à la fois pour souligner l'absence de légitimité, à leurs yeux, du remplaçant d'Hamid Karzaï et punir le nouvel homme fort du pays pour avoir signé l'accord bilatéral de sécurité avec les Etats-Unis.

 

Pour le New York Times, l'investiture a été marquée par plusieurs passages fortement symboliques, comme la validation officielle d'Abdullah Abdullah, perdant du second tour des élections, à la place de "directeur général" du nouveau gouvernement, ou l'annonce faite par Monsieur Ghani que son épouse, Rula, jouera un rôle public dans les affaires du pays, une déclaration remarquée par tous, dans le contexte d'une culture qui ne laisse que très peu de place aux femmes, et qui rompt avec les habitudes de son prédécesseur, puisque personne n'a jamais entendu parler de Madame Karzaï.
C'est pourquoi plusieurs médias reviennent sur Rula Ghani et tentent de percer sa personnalité. Ainsi, le Telegraph se demande si si l'Afghanistan est prêt pour une première dame au fort profil, rappelant que Rula Ghani est une chrétienne libano-américaine, qui a rencontré son mari dans les années 1970, alors que tous deux étudiaient à l'université américaine de Beyrouth, et qu'elle devrait s'investir, de par ses nouvelles fonctions, auprès des femmes et des jeunes, même si la façon dont elle le fera n'est pas encore déterminée.
Rula Ghani 
De même, le Gulf Time tente un portrait de l'épouse du nouveau président, en rappelant que, dans un Afghanistan profondément patriarcal, celle-ci a déjà brisé plusieurs tabous, ne serait qu'en ayant été publiquement présente au cours de la campagne électorale, aux côtés de son mari, et en prononçant un discours à Kaboul, pour la journée internationale de la femme, le 8 mars dernier.

Il faudra toutefois plus, de la part de la première dame d'Afghanistan, qu'une présence symbolique pour faire progresser la cause des femmes dans le pays. Pour preuve, le New State Man, dans un article très fouillé, identifie le métier de gynécologue en Afghanistan comme celui de "plus dangereux au monde". Le journal nous présente la docteur Lima, qui exerce sa profession en prenant énormément de risques, puisque son fils a été gravement blessé et son grand frère tué lors de deux attaques à la grenade, après qu'elle ait reçu des centaines de menaces de mort. Son tort ? Apporter, depuis 2006, ses compétences, en matière de contraception et d'avortement, aux femmes victimes de viols et de violences sexuelles, dans l'est du pays, là ou la présence talibane est l'une des plus fortes.

Première mesure :

Quelle que soit la place réelle qui sera laissée à Rula Ghani au fil des mois, dans l'immédiat, le premier geste politique important de son mari aura été de mettre fin aux atermoiements qui empêchaient la signature de l'accord bilatéral de sécurité avec les États-Unis, depuis qu'Hamid Karzaï s'y était opposé.
Le New York Times rend compte de la finalisation de cet accord, le 30 septembre, en précisant que celui-ci autorisa 9 800 soldats américains et un minimum de 2 000 autres des forces de l'OTAN à rester dans le pays après la date officielle de retrait des troupes internationales, le 31 décembre prochain. La plupart de ces combattants seront affectés à la formation de l'armée et de la police afghane, et une partie, assure le journal, pourra être amenée à poursuivre des "actions de contre-terrorisme". Il ne pourra en être autrement, rappelle le journaliste, dans un contexte global qui voit à la fois une très forte résurgence de la rébellion talibane dans le pays et le risque que celui-ci suive l'exemple de l'Irak, théâtre d'une autre intervention américaine, ou prospère aujourd'hui une menace radicale que le gouvernement de Barack Obama ne souhaite pas voir s'étendre.
C'est certainement en ayant cela en tête que Monsieur Ghani, au cours de son investiture, a appelé les talibans à se joindre aux négociations de paix, tout en précisant que cette demande n'était pas à interpréter comme un signe de faiblesse et que son gouvernement saurait répondre avec force aux attaques contre les civils.
Au cours de la signature, Ashraf Ghani n'a pas manqué, par ailleurs, de rappeler que ses alliés occidentaux lui ont promis seize milliards de dollars d'aide économique, sur les quatre prochaines années, dans l'optique de faire de l'Afghanistan un état stable, ce qui reste un souhait partagé par l'ensemble des partenaires.

L'Afghanistan vu depuis l'Inde :  
Dans sa version papier, le Monde Diplomatique propose l'intégralité d'un article qui examine les relations indo-afghanes et la complexité de celles-ci, alors que s'entrecroisent des intérêts divergents qui mêlent la Chine, le Pakistan, le Tadjikistan, un projet multilatéral de gazoduc et des questions de prépondérance régionale. 
Alors que l'opposition Inde Pakistan bloque, depuis longtemps, l'approfondissement des relations - pourtant séculaires - entre New Delhi et Kaboul, le même journal rappelait déjà, il y a quelques années, que cet antagonisme profite largement à la Chine, laquelle, si elle dispense pas d'aide financière au pays, investit énormément dans celui-ci et commence à mettre la main sur une large part des ressources minières.

L'art plus fort que la guerre :

Il y a quinze jours, nous vous présentions Shamsia Hassani, une artiste de rue qui opère sur Kaboul et utilise le matériel urbain comme support à son travail.

Shamsia Hassani, 'Russian Cultural Centre', Kabul, 2011. Photograph by Kabul at Work.  

Celui-ci a été remarqué, puisqu'on retrouve la jeune femme en interview dans Art Radar, un magazine spécialisé sur l'actualité de l'art contemporain en Asie. Sensibilisée au graff lors d'un atelier de formation, à Kaboul, en 2010, elle raconte être née à Kandahar, avoir vécu en Iran et explique pratiquer sa passion avec le soutien de sa famille, et malgré les problèmes de sécurité. Aujourd'hui, elle n'hésite pas à peindre les murs dans des endroits publics, même si cela signifie se heurter à une certaine forme d'incompréhension de la part des passants, ce qui, en tout cas, provoque la discussion.

 
 

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