6.5.10

116 enfants réintégrés à l'école publique

Bonjour,

Comme chaque année, une grande cérémonie s'est tenue fin mars dans notre centre de Tchelsetoun pour fêter ceux qui, parmi nos élèves, ont réussis leurs examens de passage afin d'être admis à l'école publique afghane, après avoir rattrapé leur retard au sein de nos structures.


Depuis 2002, Afghanistan Demain aura déjà permis à 1027 enfants, garçons et filles, de reprendre le cours d'une scolarité normale, alors que le fait de travailler dans la rue les excluait du système éducatif. Certains n'ont jamais été à l'école, d'autres l'ont fréquenté de façon épisodique avant que la réalité de leur condition sociale et économique ne les rattrape. Ce qui signifie l'obligation d'arpenter les rues de Kaboul, au gré des opportunités les plus rémunératrices, bien que le sens de ce mot recouvre une réalité peu lucrative et synonyme de dangers bien trops grands pour des enfants.


Un point leur est commun, de toute façon : à un moment, même s'ils en ont la possibilité, ils sont trop âgés pour espérer entrer dans une classe qui corresponde à leur niveau réel. L'idée de se retrouver, à 10 ou 12 ans, à devoir apprendre avec des petits de 7 ans leur fait honte. Et l'état de l'école publique fait qu'on ne leur donnera pas cette chance. Ils sont déjà trop nombreux à attendre derrière. Adieu l'école, donc, et qui s'en apercevra dans un pays où 75 % de la population est analphabète ? Quelle importance revêt l'instruction quand le ratio entre l'argent investi pour la reconstruction et les mannes déversées pour continuer une guerre qui ne dit pas son nom est de l'ordre de 1 à 100 ?


C'est là ou nous intervenons, avec les petits moyens qui sont les nôtres.

Tenue traditionnelle pour la cérémonie d'ouverture !

Au départ, il y a l'énorme travail mené par nos assistants sociaux pour persuader des familles pas forcément convaincues que, pour leurs enfants, passer quelques heures par jour au sein de nos centres afin d'aprendre à lire et à écrire représente un investissement tout aussi important que les efforts déployés afin de gagner l'argent du loyer et de la nourriture. Qu'en contrepartie, il y a ce repas chaud, parfois le seul de la journée, et que, au bout, acquérir de l'instruction représente une chance d'obtenir un travail mieux payé, dont la communauté profitera.

Cette année, ce sont 116 nouveaux enfants (55 % de garçons et 45 % de filles) qui auront rattrapé un énorme retard et qui peuvent désormais rejoindre les rangs de l'école publique. Certains se poseront, avec justesse, la question de savoir comment des familles, réticentes à laisser leurs enfants dilapider quatre heures de travail de rue par jour pour venir apprendre dans nos centres, laisseront ces derniers fréquenter l'école publique alors que leur condition socio-économique n'a pas évolué entretemps. C'est qu'ils "perdront" le même laps de temps dans ce nouveau système. Parce qu'il n'y a pas assez de professeurs formés, pas assez d'écoles en bon état de fonctionnement, ni assez de matériel pédagogique ni assez de moyens en général, alors l'école publique, tout comme Afghanistan Demain, reçoit les écoliers par demi-journées.

Des saynètes, mettant en scène des situations de la vie quotidienne, sont interprétées par les élèves au cours de la cérémonie

Par la suite, les élèves réintégrés pourront compter sur le suivi de notre professeur mobile, lequel tourne entre les quartiers afin de les aider au mieux dans leur nouveau parcours et s'assurer qu'ils ne lâchent pas.

Le secrétaire général du gouvernement, Wlosi Jerga, des représentants de l'ambassade de France, de l'Agence Française de Développement, de l'UNESCO, ainsi que de nombreux médias nationaux, étaient présents lors de la cérémonie.

Et pour la nouvelle rentrée scolaire, comme à chaque fois, c'est sans difficulté que nous avons pu trouver de nouveaux enfants pour prendre la place de ceux qui ont pu rejoindre le système normal et qui, espérons-le, sauront aller le plus loin possible dans leurs études.

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