Bonjour,
Kaboul ? Une ville qui, dans les années 70, abritait 400 000 personnes, puis a été détruite à 60% pendant 25 années de guerre continues, avant d'accueillir aujourd'hui une population de près de 4 millions d'âmes. Pénurie de logements oblige, les nouveaux arrivants bâtissent comme ils le peuvent sur les montagnes, avec les risques que cela comporte...
Kaboul est un cirque. Dans tous les sens du terme. d'abord parce que la capitale, perchée à près de 1800 mètres d'altitude, est cernée de hautes montagnes, sèches et rocailleuses l'été, boueuses et glissantes l'hiver. Ensuite parce que la circulation y est insensée, les services publics disfonctionnels, la violence omniprésente.
Lorsque la ville a été libérée du joug taliban, en 2001, toute la diaspora afghane des pays limitrophes (Pakistan, Iran) est rentrée au pays pour fondre sur elle. Parce qu'elle centralisait l'essentiel de l'aide internationale, des millions de réfugiés arrivèrent sur une zone absolument pas dimensionnée pour les accueillir. Kaboul, en 2001, et sur 60% de sa superficie, c'était ça :
Un champs de ruines, souvent encore miné, où s'installaient pourtant ceux qui ne pouvaient faire autrement.
Bien sûr, en près de 10 ans, beaucoup d'efforts de reconstruction ont été faits. Mais la grande partie de la population, pauvre, ne peut se loger dans les nouveaux immeubles construits un peu partout, sur des fonds privés, et qui, souvent, restent vides... Les gens ont donc commencé à édifier des maisons sur les versants des montagnes qui cernent la ville et la coupent en deux parties distinctes.
Les constructions se font sans plan d'occupation des sols, se superposent les unes aux autres et gagnent sur le montagne au fur et à mesure que le temps passe. Bien sûr, il n'existe là ni réseau de distribution électrique ou d'eau. Pour le premier, souvent, les voisins se cotisent et partagent l'achat ou la location d'un générateur ainsi que l'essence pour le faire tourner. Pour le second, ce sont les enfants qui descendent jusqu'au premier point de distribution public, une pompe, et remontent de lourds bidons plusieurs fois par jour.
Le plus souvent, ces maisons sont en terre brute séchée, et les blocs scellés entre eux par des crochets, sans aucun souci du moindre standard de sécurité.
Ainsi, le 4 mars dernier, juste à l'extérieur de notre centre d'accueil de jour de Demazhang, à une heure de l'après-midi, la maison de Samad, 13 ans, a été emportée par un glissement de terrain, fragilisé par les fortes neiges et les pluies qui ont suivies.
Dans l'accident, quatre membres de la famille de Samad ont perdus la vie. Sa petite soeur, ans, son petit frère, 2 ans, son grand-frère de 18 ans, ainsi que leur mère. Un autre frère et une autre soeur ont eus les jambes brisées. Voici ce qu'il reste de leur maison, après déblaiement :
Afghanistan Demain a pu emmener Samad jusqu'à l'institut médical français. Il pourra guérir, mais se retrouve seul à devoir faire vivre les survivants de sa famille, un frère, une soeur, et un père mentalement malade, que les siens devaient souvent attacher à causes de ses crises de violences qui menaçaient leur intégrité.
Samad travaille dans la rue comme cireur de chaussures. Afghanistan Demain va prendre en charge les soins qui lui sont nécessaires, ainsi qu'une partie des besoins de sa famille. Pour le reste, la Mosquée du quartier a lancé, via les hauts-parleurs, un appel à la solidarité.