20.12.13

L'actualité de la semaine

Alors que le ministre de la Défense, Chuck Hagel, et le chef d'état-major des armées américaines, le Général Dempsey, ont rappelé hier l'importance d'une signature « rapide » de l'accord de sécurité bilatérale, les troupes combattantes australiennes ont quitté, lundi, la province d'Orugzan, mettant fin au plus long déploiement australien à l'extérieur. Dans le même temps, la Nouvelle-Zélande a annoncé le maintien de ses militaires travaillant à Kaboul dans les bureaux de l'ISAF et à l'académie des officiers de l'armée nationale afghane, jusqu'en décembre 2014, au lieu d'un retrait initialement prévu en avril 2014. Les Organisations Non-Gouvernementales (ONG) présentes en Afghanistan, annoncent un fort « nous restons ! » afin de continuer à soutenir les populations locales, reprenant même souvent les projets entamés par les forces de l'OTAN.
Lors d'une conférence de presse à Sydney, le premier ministre australien, Tony Abbott, a remercié les troupes pour leur service et les a assurées que le lourd prix payé (40 morts et 261 blessés) ne l'a pas été en vain, puisque même s'il ne s'agit « ni d'une victoire, ni d'une défaite » ; il espère que « l'Afghanistan et en particulier la province de Oruzgan sont des endroits meilleurs » grâce à la présence australienne.
Le premier ministre britannique, David Cameron, en visite surprise à Helmand lundi également, a quant à lui été moins mesuré dans ses propos aux troupes, en annonçant un « mission accompli » qui a déclenché les foudres de la presse britannique cette semaine. Alors que cette déclaration semble faire écho aux mots de Georges Bush au sujet de l'Iraq en 2003, les média ont largement évoqué les difficultés auxquelles faisaient toujours face le pays et notamment la croissance à deux chiffres du trafic d'opium, comme le montre le rapport de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, publié en novembre 2013. De son coté, le comité des relations extérieures du Parlement Européen a mis en avant, lors de la conférence de presse de mercredi, l'incertitude qui entoure l'année 2014 en Afghanistan.
La proposition faite par David Cameron, Michael Owen et John Hartson, deux stars du ballon rond outre-manche, d'organiser un « match de la paix » entre l’Angleterre et l'Afghanistan à Wembley, en référence aux matchs organisés par les Poilus pendant la trêve de Noël en 1914, a suscité, elle aussi, des critiques.

Alors que la Chine continue d'affirmer son soutien au processus de paix afghan et qu'un accord local de paix a été signé, dans la province d'Helmand, entre des commandants Taliban et des officiers de l'armée afghane, provoquant des réponses mitigées au niveau national et international, la place des femmes et de la jeunesse dans la société afghane et lors des prochaines élections a également été évoquée par la presse cette semaine. La BBC rapporte les témoignages de deux Afghanes victimes de violences domestiques, qui, selon la Commission Afghane Indépendante des Droits de l'Homme, ont encore augmenté en 2013, mais ces femmes se disent aussi prêtes à se battre devant les tribunaux pour leurs droits.
Combatif et déterminé est également l'état d'esprit de Fawzia Koofi, députée à l'assemblée nationale qui exprime, lors d'un entretien avec Sophie McBain, son souhait de continuer à s'engager dans la vie politique du pays et de rappeler la nécessité de l'éducation des jeunes filles. C'est ce même besoin que met en avant Farkhonda Tahery, une jeune activiste de 16 ans qui, malgré les difficultés rencontrées, affirme qu'il ne faut pas « oublier que la situation en Afghanistan est en train de changer. En parallèle de ces changements en Afghanistan, la situation pour les femmes s'améliore ».
Une seconde force de changement pour le pays est donc sa jeunesse, mobilisée pour la défense des droits comme Farakhonda Tahery ou pour s'assurer de la transparence des élections, comme dans la province de Khost où les étudiants de l'université ont interpellé les responsables de la province à ce sujet. Khalida Khorsand rappelle d'ailleurs à l'occasion qu'il ne suffit pas aux femmes d'occuper des sièges mais elles doivent constamment bousculer les conventions et faire pression pour changer les choses. Les élections se révéleront donc être une étape décisive, non seulement pour l'avenir du pays, mais aussi pour l'avenir des femmes et de leurs droits.


Enfin, l'éducation et l'information en Afghanistan sont également des thèmes essentiels abordés pour faire évoluer positivement le pays. Les nouveaux moyens de communication, comme les téléphones portables, accessoires indispensables pour de très nombreux afghans, et les nouvelles technologies prennent une importance croissante en Afghanistan et font l'objet de nombreuses initiatives. Une pétition demandant le développement de google traduction en pachto a, par exemple, été lancée le mois dernier. Cette semaine, il a été annoncé que le projet de « Route de la Soie Virtuelle », qui relie actuellement 18 universités afghanes au réseau internet, serait encore accéléré et étendu, notamment grâce au projet de construction d'un réseau en fibre optique. Le but de projet tel que la Route de Soie est d'accélérer la collaboration entre les universités dans les programmes de recherches, ainsi que d'intégrer ces universités à la communauté internationale des chercheurs. C'est également le sens de la conférence de la Symbiosis International University, en Inde, qui a été l'occasion pour Hamid Karzaï de rappeler sa volonté de continuer à développer les liens entre l'Afghanistan et l'Inde, mais aussi pour le Dr. Vidya Yeravdekar, directeur de Symbiosis, d'exprimer son désir de travailler plus étroitement avec le gouvernement afghan et de développer les programmes d'échange d'étudiant et de formation des professeurs.