Alors que le ministre de la Défense, Chuck Hagel,
et le chef d'état-major des armées américaines, le Général
Dempsey, ont rappelé hier l'importance
d'une signature « rapide »
de l'accord de sécurité bilatérale, les
troupes combattantes australiennes
ont quitté, lundi, la province d'Orugzan, mettant fin au plus long
déploiement australien
à l'extérieur. Dans le même temps, la Nouvelle-Zélande
a annoncé le maintien de ses militaires
travaillant à Kaboul dans les bureaux de l'ISAF et à
l'académie des officiers de l'armée nationale afghane, jusqu'en
décembre 2014, au lieu d'un retrait initialement prévu en avril
2014. Les Organisations Non-Gouvernementales (ONG) présentes en
Afghanistan, annoncent un fort « nous
restons ! » afin
de continuer à soutenir les populations locales, reprenant même
souvent les projets entamés par les forces de l'OTAN.
Lors d'une conférence de presse à Sydney, le
premier ministre australien, Tony
Abbott, a remercié les
troupes pour leur service et les a assurées
que le lourd prix payé (40 morts et 261 blessés) ne l'a pas été
en vain, puisque même s'il ne s'agit « ni
d'une victoire, ni d'une défaite » ;
il espère que « l'Afghanistan et en particulier la province de
Oruzgan sont des endroits meilleurs » grâce à la présence
australienne.
Le premier ministre britannique, David
Cameron, en visite surprise
à Helmand lundi également, a quant à lui été moins mesuré dans
ses propos aux troupes, en
annonçant un « mission
accompli » qui a
déclenché les
foudres de la presse britannique
cette semaine. Alors que cette
déclaration semble faire écho aux mots de Georges Bush au sujet de l'Iraq en 2003, les média ont
largement évoqué
les
difficultés auxquelles
faisaient toujours face le pays et notamment la
croissance à deux chiffres
du trafic d'opium, comme le montre le
rapport de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime,
publié en novembre 2013. De son coté, le comité des relations
extérieures du Parlement
Européen a mis en avant,
lors de la conférence de presse de
mercredi, l'incertitude qui entoure l'année 2014 en Afghanistan.
La proposition faite par
David Cameron, Michael Owen et John Hartson, deux stars du ballon
rond outre-manche, d'organiser un « match
de la paix » entre
l’Angleterre et l'Afghanistan à Wembley, en référence aux
matchs organisés par les Poilus pendant la trêve de Noël en 1914,
a suscité, elle aussi, des critiques.
Alors que la Chine
continue d'affirmer son soutien au processus de paix afghan et qu'un
accord
local de paix a été signé,
dans la province d'Helmand, entre des commandants Taliban et des
officiers de l'armée afghane, provoquant des réponses mitigées au
niveau national et international, la place des femmes et de la
jeunesse dans la société afghane et lors des prochaines élections
a également été évoquée
par la presse cette semaine. La BBC
rapporte les témoignages de deux Afghanes victimes de violences
domestiques, qui, selon la
Commission Afghane Indépendante des Droits de l'Homme, ont
encore augmenté en 2013, mais ces femmes se disent aussi prêtes
à se battre devant les tribunaux pour leurs droits.
Combatif et déterminé est également l'état
d'esprit de Fawzia
Koofi, députée à l'assemblée nationale qui
exprime, lors d'un entretien avec Sophie McBain, son souhait de
continuer à s'engager dans la vie politique du pays et de rappeler
la nécessité de l'éducation des jeunes filles. C'est ce même
besoin que met en avant Farkhonda
Tahery, une jeune activiste de 16 ans
qui, malgré les difficultés rencontrées, affirme qu'il ne faut pas
« oublier que la situation en Afghanistan est en train de
changer. En parallèle de ces changements en Afghanistan, la
situation pour les femmes s'améliore ».
Une seconde force de changement pour le pays est
donc sa
jeunesse, mobilisée pour la défense des droits comme Farakhonda
Tahery ou pour s'assurer de la transparence
des élections, comme dans la province de Khost où les étudiants
de l'université ont interpellé les responsables de la province à
ce sujet. Khalida Khorsand rappelle
d'ailleurs à l'occasion qu'il ne suffit pas aux femmes d'occuper des
sièges mais elles doivent constamment bousculer les conventions et
faire pression pour changer les choses. Les élections se révéleront
donc être une étape décisive, non seulement pour l'avenir du pays,
mais aussi pour l'avenir
des femmes et de leurs droits.
Enfin, l'éducation et l'information en
Afghanistan sont également des thèmes essentiels abordés pour
faire évoluer positivement le pays. Les nouveaux
moyens de communication, comme les téléphones
portables, accessoires indispensables pour de très nombreux
afghans, et les nouvelles technologies prennent une importance
croissante en Afghanistan et font l'objet de
nombreuses initiatives. Une pétition
demandant le développement de google
traduction en pachto a, par exemple, été lancée le mois
dernier. Cette semaine, il a été annoncé que le projet de « Route
de la Soie Virtuelle », qui relie actuellement 18
universités afghanes au réseau internet, serait encore accéléré
et étendu, notamment grâce au projet de construction d'un réseau
en fibre optique. Le but de projet tel que la Route de Soie est
d'accélérer la collaboration entre les universités dans les
programmes de recherches, ainsi que d'intégrer ces universités à
la communauté internationale des chercheurs. C'est également le
sens de la conférence de la Symbiosis
International University, en Inde, qui a été l'occasion pour
Hamid Karzaï de rappeler sa volonté de continuer à développer les
liens entre l'Afghanistan et l'Inde, mais aussi pour le Dr. Vidya
Yeravdekar, directeur de Symbiosis, d'exprimer son désir de
travailler plus étroitement avec le gouvernement afghan et de
développer les programmes d'échange d'étudiant et de formation des
professeurs.