5.12.13

3 élèves, 3 portraits

3 élèves, 3 portraits

Cette semaine, nous partageons avec vous trois histoires, celles de Jawed, Zarmina et Basher Ahammed, qui font parties des deux cent enfants pris en charge chaque jour dans les centres éducatifs d'Afghanistan Demain. Malgré les difficultés économiques et familiales, tous trois viennent chercher chaque jour une éducation et l'espoir d'une vie meilleure dans les centres de Demazang, Yaka-Tût et Tchelsetoun. Ces témoignages ont été recueillis par nos travailleurs sociaux au cours des processus d’approche et d’inscription au sein des centres. Ils sont représentatifs de l’ensemble des expériences traversées par ces enfants qui arrivent dans nos structures.



Tout d'abord, Jawed, orphelin de 14 ans, élève au centre de Demazang, nous raconte son histoire. Jawed est né dans la province de Bamyan, son père était un officier de police haut placé, fidèle au gouvernement pendant la guerre civile. À l'arrivée des Taliban au pouvoir, ces derniers ont puni ou même exécuté leurs ennemis. Un soir, alors que la famille de Jawed célébrait le mariage d'un de ces cousins, les Taliban les ont suivis, ont pénétré dans leur maison, prenant pour cible toute la famille de celui qu'ils voyaient comme un traître. Cette nuit-là, Jawed perdit son père, ses oncles et même son grand-père, assassinés pour avoir soutenu le gouvernement. Jawed, alors très jeune, fut recueilli par de la famille éloignée dans sa province natale de Bamyan. Cependant, cette situation ne pouvait être que temporaire, sa nouvelle famille d'accueil dépendant déjà des dons de nourriture et de vêtements pour survivre. Il fut alors décidé d'envoyer le jeune garçon à Kaboul dans l'espoir qu'il y trouve de meilleures conditions de vie. Sans parents ou famille étendue prêts à l'accueillir dans la capitale, ce dernier vit désormais dans un orphelinat. Jawed rejoint ainsi chaque jour le centre de Demazang où il vient chercher une éducation et une chance de s'en sortir.

Ensuite, Zarmina, 15 ans, élève dans le centre de Yaka-Tût a partagé avec nous son enfance et sa détermination à apprendre. Elle avait 6 ans lorsque son père, miné par les difficultés économiques et les déplacements forcés, s'est réfugié dans la drogue, rendant la vie encore plus âpre pour la famille. Alors qu'elle était âgée de 9 ans, son père décéda, laissant sa famille sans recours. Zarmina, son frère, sa sœur et sa mère vivent aujourd'hui dans une étroite chambre. Chacun contribue comme il peut à faire vivre la famille qui ne peut se passer non plus de l'aide des voisins, notamment pour le paiement du loyer. Le petit frère de Zarmina, 9 ans, travaille comme apprenti dans un garage, mais , il ne gagne qu'un maigre salaire. La mère de Zarmina prépare pâtisseries et pains pour ses voisins tandis que Zarmina brode des vêtements que des marchands lui apportent. Cependant les prix sont aujourd'hui très bas et les revenus ainsi cumulés ne suffisent pas à subvenir aux besoins de la famille et encore moins au traitement pour sa grande sœur atteinte de tuberculose.
Déterminée, Zarmina vient malgré tout étudier chaque jour dans le centre de Yaka-Tût. Elle n'a qu'une seule idée en tête : « je dois travailler et aider ma famille ».

Notre dernier portrait est celui de Basher Ahammed, élève au centre de Tchelsetoun. Après leur mariage à Kaboul pendant la guerre civile, les parents de Basher ont fuit les violences en Iran. Ils y ont vécu quinze années et fondé une famille. Basher raconte que son père avait un emploi avec un salaire décent et que même s'ils n'étaient pas riches, lui, ses deux frères et sa sœur étaient heureux puisque tous ensembles. Cependant, leur situation s'est dégradée, Téhéran est devenu plus sévère vis-à-vis des Afghans présents sur son territoire. Un jour, le père de Basher est parti travailler mais n'est jamais revenu C'est avec tristesse que Basher relate l'angoisse et l'inquiétude de la famille. Toute joie a alors quitté la maison, la mère de Basher ne trouva aucun emploi et finit par tomber malade. Un oncle de Basher décida alors de les accueillir à Kaboul, où il occupe un emploi avec un faible revenu. Malgré les petits travaux d'artisanat que font les différents membres de la famille, le foyer n'a que peu de moyens et reste dans une situation financière très précaire. C'est grâce à la visite de travailleurs sociaux d'Afghanistan Demain que Basher a pu s'inscrire dans le centre de Tchelsetoun. Là, il a accès à des soins médicaux, un repas chaud, des salles de classes chauffées, des vêtements, de bons professeurs et un environnement sain. Basher ne perd pas espoir qu'un jour son père rentre à la maison.



 Pour ces trois enfants, comme pour les 360 autres élèves des centres, le travail réalisé par l'équipe d'Afghanistan Demain et de Children's Garden Organisation est essentiel afin de leur donner un lieu stable et convenable où ils peuvent échapper à un quotidien et des situations familiales difficiles, obtenir une éducation et la possibilité d'une vie meilleure.