3 élèves, 3 portraits
Cette semaine, nous partageons avec vous trois
histoires, celles de Jawed, Zarmina et Basher Ahammed, qui font
parties des deux cent enfants pris en charge chaque jour dans les
centres éducatifs d'Afghanistan Demain. Malgré les difficultés
économiques et familiales, tous trois viennent chercher chaque jour
une éducation et l'espoir d'une
vie meilleure dans les centres de Demazang, Yaka-Tût et Tchelsetoun.
Ces témoignages ont été recueillis par nos travailleurs sociaux au
cours des processus d’approche et d’inscription au sein des
centres. Ils sont représentatifs de l’ensemble des expériences
traversées par ces enfants qui arrivent dans nos structures.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglfSOcxXP08OaZas-kPOCoC146lA0r91xSOjDseYfKFoQrpAU2AUMB-daLvoNWYx1k2HyrMjl116eMt7v66l7ZNSWtr5asL8kpEfudQel7wfZGCgPeuqdba5zn8jD25YGA0QeR63hHszAZ/s1600/P1050782.JPG)
Tout d'abord, Jawed, orphelin de 14 ans, élève au centre de
Demazang, nous raconte son histoire. Jawed est né dans la province
de Bamyan, son père était un officier de police haut placé, fidèle
au gouvernement pendant la guerre civile. À l'arrivée des Taliban
au pouvoir, ces derniers ont puni ou même exécuté leurs ennemis.
Un soir, alors que la famille de Jawed célébrait le mariage d'un de
ces cousins, les Taliban les ont suivis, ont pénétré dans leur
maison, prenant pour cible toute la famille de celui qu'ils voyaient
comme un traître. Cette nuit-là, Jawed perdit son père, ses oncles
et même son grand-père, assassinés pour avoir soutenu le
gouvernement. Jawed, alors très jeune, fut recueilli par de la
famille éloignée dans sa province natale de Bamyan. Cependant,
cette situation ne pouvait être que temporaire, sa nouvelle famille
d'accueil dépendant déjà des dons de nourriture et de vêtements
pour survivre. Il fut alors décidé d'envoyer le jeune garçon à
Kaboul dans l'espoir qu'il y trouve de meilleures conditions de vie.
Sans parents ou famille étendue prêts à l'accueillir dans la
capitale, ce dernier vit désormais dans un orphelinat. Jawed rejoint
ainsi chaque jour le centre de Demazang où il vient chercher une
éducation et une chance de s'en sortir.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilYzhatLuORz0ArjvMGlz24RKJyFWCGh06r4USAeuSu8l2oHB2RB0vPNcVy2QduI9UK6YYewQ5JgFnqqFC5QRSGOHdVEYUZg8upjWSEPd4_yQKUEg6YwwYZtnfBPe8PkUUQSP9CysoBgg4/s1600/P1050432.JPG)
Ensuite, Zarmina, 15 ans, élève dans le centre de Yaka-Tût a
partagé avec nous son enfance et sa détermination à apprendre.
Elle avait 6 ans lorsque son père, miné par les difficultés
économiques et les déplacements forcés, s'est réfugié dans la
drogue, rendant la vie encore plus âpre pour la famille. Alors
qu'elle était âgée de 9 ans, son père décéda, laissant sa
famille sans recours. Zarmina, son frère, sa sœur et sa mère
vivent aujourd'hui dans une étroite chambre. Chacun contribue comme
il peut à faire vivre la famille qui ne peut se passer non plus de
l'aide des voisins, notamment pour le paiement du loyer. Le petit
frère de Zarmina, 9 ans, travaille comme apprenti dans un garage,
mais , il ne gagne qu'un maigre salaire. La mère de Zarmina prépare
pâtisseries et pains pour ses voisins tandis que Zarmina brode des
vêtements que des marchands lui apportent. Cependant les prix sont
aujourd'hui très bas et les revenus ainsi cumulés ne suffisent pas
à subvenir aux besoins de la famille et encore moins au traitement
pour sa grande sœur atteinte de tuberculose.
Déterminée, Zarmina vient malgré tout étudier chaque jour dans le
centre de Yaka-Tût. Elle n'a qu'une seule idée en tête : « je
dois travailler et aider ma famille ».
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSu-XneY8SX9EFcClFag7AuP8FT7cr-7ZYw6_XIxcR8xuHvuFMSwiCr-5HQDWM4Y11veOzEow8v7RG0CUk6Bpoff7peeG5GoKfeczS2lMxB3RSzjJ4EBGUB9TiWbWq-pi80wcxar5tfnqB/s1600/photo1.jpg)
Notre dernier portrait est celui de Basher Ahammed, élève au centre
de Tchelsetoun. Après leur mariage à Kaboul pendant la guerre
civile, les parents de Basher ont fuit les violences en Iran. Ils y
ont vécu quinze années et fondé une famille. Basher raconte que
son père avait un emploi avec un salaire décent et que même s'ils
n'étaient pas riches, lui, ses deux frères et sa sœur étaient
heureux puisque tous ensembles. Cependant, leur situation s'est
dégradée, Téhéran est devenu plus sévère vis-à-vis des Afghans
présents sur son territoire. Un jour, le père de Basher est parti
travailler mais n'est jamais revenu C'est avec tristesse que Basher
relate l'angoisse et l'inquiétude de la famille. Toute joie a alors
quitté la maison, la mère de Basher ne trouva aucun emploi et finit
par tomber malade. Un oncle de Basher décida alors de les accueillir
à Kaboul, où il occupe un emploi avec un faible revenu. Malgré les
petits travaux d'artisanat que font les différents membres de la
famille, le foyer n'a que peu de moyens et reste dans une situation
financière très précaire. C'est grâce à la visite de
travailleurs sociaux d'Afghanistan Demain que Basher a pu s'inscrire
dans le centre de Tchelsetoun. Là, il a accès à des soins
médicaux, un repas chaud, des salles de classes chauffées, des
vêtements, de bons professeurs et un environnement sain. Basher ne
perd pas espoir qu'un jour son père rentre à la maison.
Pour ces trois enfants, comme pour les 360 autres élèves des
centres, le travail réalisé par l'équipe d'Afghanistan Demain et
de Children's Garden Organisation est essentiel afin de leur donner
un lieu stable et convenable où ils peuvent échapper à un
quotidien et des situations familiales difficiles, obtenir une
éducation et la possibilité d'une vie meilleure.