5.4.12

Dix élèves porteurs d'espoir

Le samedi 24 mars, en Afghanistan, c’était la rentrée des classes ! 105 enfants ont intégré les centres d’Afghanistan Demain et ont rejoint les 255 élèves déjà inscrits pour l’année en cours. Plus d’une centaine d’adolescents et jeunes adultes, garçons et filles ont débuté une formation professionnelle de 4 mois en bureautique dans les centres de Tchelsetoun et Yaka Tût. En parallèle, et c’est notre grande fierté de cette année, dix de nos élèves ont été sélectionnés pour intégrer les prestigieux lycées publics afghans Esteqlal et Malalaï, de Kaboul.

Créé en 1904 et nommé « Esteqlal » (Indépendance) en 1931, ce lycée de renom est un symbole de l’amitié franco-afghane. Il a été entièrement restauré en 1968 grâce au soutien du gouvernement français : c’est le Premier Ministre Georges Pompidou, en voyage à Kaboul, qui pose la première pierre du bâtiment moderne. Il comprend un centre culturel français, des lieux de réunion, de conférence, de spectacle, un auditorium, des locaux pour l'apprentissage audio-visuel du français, des laboratoires de chimie, physique et biologie, une bibliothèque, des terrains de sport et une piscine chauffée. Notons que le Père Serge de Beaurecueil, président d’honneur d’Afghanistan Demain, y a enseigné dans les années 70.

Le lycée Malalaï est l’autre grand lycée de Kaboul, l’équivalent du lycée Esteqlal, pour les filles. Malalaï est une héroïne légendaire pachtoune de la dernière anglo-afghane, célèbre pour avoir encouragé ses compatriotes lors de la bataille de Maïwand, près de Kandahar, en juillet 1880. Le lycée Malalaï trouve son origine dans la politique moderniste du roi Amanullah (1919-1929). Mais ce n’est qu’en 1942 qu’il ouvrira ses portes dans son emplacement actuel, après qu’une enseignante française, Madame Fraissé, eut élaboré un projet d’établissement scolaire à destination des filles.

Gravement abîmés et fermés durant la période talibane, les lycées ont rouvert leurs portes le 22 mars 2002. Ils accueillent aujourd’hui environ 5 400 garçons et 2 800 filles et disposent d’une salle informatique, d’un service Internet et d’une bibliothèque comportant des livres modernes et de nouvelles méthodes de langue française. Ils demeurent le symbole d’une éducation de qualité et jouissent du prestige d’accueillir en leur sein les enfants des familles aisées de la capitale. Ils représentent ce qu’il se fait de mieux en matière d’éducation et offrent une réelle garantie d’accéder à des études supérieures pour les élèves qui y terminent leur scolarité. Au sein de ces deux établissements scolaires, une partie de l’enseignement, à compter de la classe de quatrième, se fait en français.

Cette année, dans le cadre du projet ALEM (Appui aux Lycées Esteqlal et Malalaï) de l’Ambassade de France à Kaboul, quatre filles et six garçons, anciens enfants des rues, âgés de 13 à 19 ans, ont effectué leur rentrée au sein de ces deux lycées. Ils ont été choisis de façon très rigoureuse parmi les 360 enfants qui fréquentent les centres d’accueil de jour. La sélection s’est opérée sur dossier, en coordination avec les équipes pédagogiques de l’association (directeurs, professeurs, éducateurs, travailleurs sociaux) et sur des critères tant scolaires (assiduité, résultats, aptitude à suivre la scolarité du lycée Esteqlal) que sociaux (situation familiale et paramètres socio-économiques).
Ce projet comporte deux volets : un premier, pédagogique, qui leur permettra de bénéficier d’études longues, et un second, social, qui vise à les intégrer dans le tissu socio-économique local. Les bénéficiaires directs seront donc soutenus aux plans scolaire et social par Afghanistan Demain et l’Ambassade de France pendant toute la durée de leur scolarité au sein de ces établissements.
Au niveau financier, ce soutien prendra la forme d’une prise en charge du transport, des fournitures et des uniformes scolaires, des frais de nourriture, de soins et d’hygiène, de 9 mois de cours de français et de 12 mois de cours de soutien. Au plan scolaire, Afghanistan Demain, par le biais des travailleurs sociaux et en lien avec ses correspondants dans les lycées concernés, s’assurera de l’assiduité aux cours, du bon apprentissage et de la bonne compréhension des élèves et, si besoin, aidera ces derniers à la préparation et au passage des examens de fin d’année. L’association restera également attentive au contenu des cours, de la méthodologie employée et des outils pédagogiques, de la qualité et de la quantité des produits et services apportés à chaque enfant.

Intégrer les lycées Esteqlal et Malalaï dans ce cadre privilégié permettra ainsi aux enfants de devenir des adultes responsables, acteurs de la société, capables de décider eux-mêmes de leur avenir, d’exprimer et d’assumer leurs choix. Ce projet est aussi une bouffée d’espoir pour la situation socio-économique des familles – c’est ce qui a poussé ces dernières à accepter un cursus scolaire à temps plein, qui, tout le temps de la scolarisation, les privera du revenu généré habituellement par le travail de l’enfant*.

* Rappelons que les centres accueillent 360 enfants chaque jour, répartis sur trois sessions de quatre heures chacune, de façon à ce que ceux dont la famille est dans le besoin, puissent continuer à travailler dans la rue et à gagner un salaire qui, autrement, serait un manque à gagner.