7.2.12

Les nouveaux arrivants

En mars prochain, en Afghanistan, c’est la rentrée des classes ! Les 96 enfants de nos centres qui ont réussi les tests de réintégration à l’école publique vont ainsi pouvoir poursuivre leurs études. Les autres restent, au moins pour une année de plus. Ils seront rejoints par 105 nouveaux enfants des rues, âgés de 10 à 16 ans, en situation de précarité et de vulnérabilité, qui n’ont jamais été à l’école et n’en ont pas les moyens. Nous vous exposons ici le processus de sélection de ces enfants utilisé par l’équipe de terrain d’Afghanistan Demain.

La phase de sélection débute en décembre chaque année et dure environ deux mois. La rentrée s’effectue en mars. D’abord, les assistants sociaux de l’association procèdent à un repérage des enfants vulnérables, travaillant dans la rue. Pour cela, ils œuvrent en collaboration avec les wakils, lesquels représentent l’autorité à l’échelle d’un quartier, connaissent les familles et la situation de chacune, et nous aident à aller vers les personnes les plus nécessiteuses. Les assistants sociaux abordent les enfants qu’ils ont repérés, discutent avec eux, les questionnent sur leur situation familiale, et enfin leur proposent d’être scolarisés dans nos structures. Il n’arrive jamais que les enfants refusent, et certains même trichent sur leur situation financière afin d’être sélectionnés pour intégrer les centres, qui bénéficient d’une bonne réputation, surtout dans leurs quartiers d’implantation.

Ainsi, les assistants sociaux se rendent ensuite dans chaque foyer afin, d’une part de vérifier la véracité des propos de l’enfant, et d’autre part d’obtenir l’accord des parents. S’ils remarquent que la famille a les moyens d’envoyer l’enfant à l’école, ils l’encouragent à le faire. Au contraire, s’ils confirment qu’elle fait partie des plus pauvres du quartier, ils tentent d’obtenir son accord pour intégrer l’enfant dans nos centres.

Convaincre les parents est parfois difficile, soit parce que financièrement, un enfant à l’école représente un manque à gagner, soit parce qu’il s’agit d’une fille, et que la famille, conservatrice, estime que l’éducation concerne seulement les garçons. Dans le cas d’un premier refus, les assistants sociaux se rendent plusieurs fois au domicile familial, tentent d’établir une relation de confiance, discutent de religion, et dans la majeure partie des cas, les parents finissent par accepter. Le repas chaud distribué quotidiennement aux enfants dans les centres, parfois le seul qu’ils auront, est un puissant facteur de décision. Rappelons aussi que les enfants sont présents dans nos structures pour quatre heures chaque jour (3 groupes d’élèves se succèdent ainsi sur une journée), et qu’ils peuvent travailler dans la rue le reste du temps, si le salaire ainsi perçu représente un besoin vital. Cela permet de ne pas pénaliser la famille au plan financier et de lui faire accepter plus facilement un temps de scolarisation quotidien.

Enfin, une fois l’accord donné, Reza Sharifi, notre responsable pédagogique, procède à un entretien individuel, pour vérifier que tous les facteurs (âge, motivation, autorisation des parents, situation financière) sont réunis pour que l’enfant soit accueilli dans nos centres.

Cette année, 30 enfants intègreront le centre de Tchelsetoun, 40 étudieront dans celui de Dehmazang et le centre de Yaka Tût en accueillera 35. Au total, ils fonctionneront à leur capacité maximale de 120 élèves chacun. 360 enfants seront ainsi scolarisés cette année par Afghanistan Demain.