Nouveau cas de polio à Kaboul et lancement d'une campagne de vaccination -
Campagne de vaccination contre la polio, janvier 2014 | REUTERS/Parwiz |
L'éradication de la polio en Inde, un signe
d'espoir pour la région -
La diffusion de la polio n'est cependant pas une
fatalité et l'Inde a montré qu'il est possible de
l'éradiquer. En effet, le pays entame sa troisième année sans nouveau cas détecté, ce qui devrait
conduire les experts internationaux à déclarer le pays sans polio vers le mois de mars. Le programme titanesque d'éradication
de la maladie a été démarré en 1994, alors que 4 791 cas avaient été
détectés. Nata Menabde, représentante de l'OMS en Inde, déclare
ainsi au Monde : « il y a quelques années, la communauté
scientifique était convaincue que l'Inde ne serait pas capable
d'éradiquer la polio ou serait le dernier pays à s'en débarrasser.
Ce succès est monumental et historique ». Cette victoire
contre la maladie laisse donc une grande marge d'espoir pour
l'Afghanistan.
L'augmentation des pertes civiles en 2013 -
Les mauvaises conditions d'hygiène et la diffusion
des maladies ne sont pas les seules causes de mortalité chez les afghans. Le rapport annuel sur les pertes civiles de la mission de l'ONU en
Afghanistan (UNAMA), fait état d'une augmentation de ces dernières de 14 % en 2013. Ainsi, le conflit a fait 2 959 morts (soit + 7 % par rapport à 2012)
et 5 656 blessés (+17%). Ce rapport est d'autant plus inquiétant que
2012 avait marqué une baisse. Ce changement est
interprété comme le signe d'une évolution de la nature du conflit. Les combats sont de plus en plus menés
dans des zones fortement peuplées, au sein des communautés civiles, et les populations sont ainsi victimes des tirs croisés, d'autant qu'elles sont davantage prises pour cible par les insurgés. Les engins explosifs improvisés (IED), placé par les Taliban, sont
dénoncés comme une cause majeure des victimes civiles, tout comme les
assassinats ciblés dont le nombre a augmenté. Les Taliban ont
rejeté le rapport, qu'ils estiment être une entreprise de propagande
de l'ambassade américaine. Les forces pro-gouvernementales ne sont
pas épargnées non plus par l'analyse de l'UNAMA, qui estime que 59 % des victimes civiles est causé par ces dernières, du fait de tirs et de bombardements inconsidérés. Enfin, conséquence de ce
rapport, l'attitude de Karzaï est également critiquée, du fait de sa
politisation, jugée excessive, des pertes civiles dues aux opérations de la coalition (3 % du total), alors que
celles sur les victimes des insurgés sont plus rares.
Les inquiétudes sont aujourd'hui renforcées par
l'approche des élections présidentielles, qui font craindre une augmentation de
la violence. Une
vidéo de propagande, mise en ligne par les Taliban et montrant la
préparation d'une attaque sur un camp de la CIA en juillet 2013,
semble aller dans le sens d'une sophistication du mouvement, qui
serait désormais capable d'organiser des raids complexes et
soigneusement préparés. Aucun vérification n'a été possible
quant à la date, au lieu ou à la véracité de cet enregistrement.
La libération de 27 prisonniers de Bagram et
des tensions ravivées avec Washington -
Malgré les très vives protestations américaines,
65 hommes ont finalement été libérés de la prison de Bagram, alors qu'ils sont pour Washington des insurgés taliban responsables d'attaques. Cette libération longtemps
annoncée a eu lieu jeudi 13 février, provoquant la fureur des Etats-Unis. Yalda Hakim propose sur la BBC un reportage à l'intérieur de la prison de Bagram, présentée par
Karzaï comme «une usine à Taliban» et qui ne cesse
d'alimenter la controverse internationale. Après cette libération,
l'ambassade américaine à Kaboul a exhorté le gouvernement afghan «à
prendre toutes les mesures possibles pour s'assurer que les personnes
libérées ne commettent pas de nouveaux actes de violence».
Nouveau plan d'action d'USAID pour sortir
l'Afghanistan de « l'économie de guerre » -
Dans ce contexte de violence en augmentation, les
perspectives pour l'aide internationale se redéfinissent. L'Agence
Américaine pour le Développement International (USAID), un des plus
importants bailleurs de fonds international, a déclaré la mise en
place, cette semaine, d'un nouveau programme d'aide à destination de l'Afghanistan, d'un montant de
300 millions de dollars pour les cinq prochaines années, pour en finir avec « l'économie de
guerre ». Selon Larry Sampler, à la tête des opérations de USAID en
Afghanistan et au Pakistan, le retrait des troupes internationales
n'a pas d'impact sur la mise en place des programmes de
l'organisation, puisque celle-ci est habituée à travailler sans la
présence des militaires.
Le passage d'une économie de guerre à une économie
de paix est un défi majeur pour les opérations de maintien de celle-ci, et une question particulièrement complexe comme l'ont notamment
montré les travaux de Jonathan Goodhand. L'économie de guerre est, en effet, à la fois la conséquence et la cause du conflit et de la crise de
l'Etat et implique à la fois une économie de combat (c'est-à-dire
l'allocation des ressources aux affrontements), un marché noir (par
définition hors du contrôle étatique, soit une irruption de marchandises illégales) et une économie de
survie pratiquée par les populations civiles. Jonathan Goodhand
montre bien que ces trois strates impliquent différents
types d'acteurs et de relations qui ont tous intérêt à ce que la situation perdure, ce qui rend le passage à une
économie de paix particulièrement complexe.
Le plan de USAID prévoit 125 millions de dollars pour le développement du secteur agricole et
agro-alimentaire, la principale activité économique du pays, 100
millions de dollars d'aide aux universités et enfin 77 millions
de dollars à l'ouverture économique de l'Afghanistan, à la finance et au commerce
mondial. Allant dans ce sens, l'Union Européene a d'ailleurs annoncé, cette semaine, la conclusion d'un
accord avec Kaboul portant sur l'adhésion du pays à l'Organisation
Mondiale du Commerce (OMC). Ce traité est présenté comme une
premier étape vers la participation du pays à l'organisation
internationale, ce qui devrait, selon le commissaire européen Karel De
Gucht, «aider à la stabilisation et au développement
économique de l'Afghanistan ».
« Kaboul Unité Spéciale », des
programmes télévisés pour renforcer l'État de droit -
Le réalisateur Saba Sahar au cours du tournage d'une série télévisée à Kabou, mai 2011 | Reuters/Ahmad Masood |
Les réels progrès de l'Afghanistan parfois
difficile à communiquer -
Ainsi, de réels progrès ont été faits en Afghanistan, même si les articles ou les émissions sur la corruption et les Taliban ont tendance à les faire
oublier. Un exemple flagrant est notamment l'explosion technologique
du pays, avec 20 millions de téléphones portables et un accès pour 60 %
des utilisateurs d'internet à une connexion mobile.
Cependant, la ligne est parfois fine entre un discours positif sur un pays principalement associé à la
violence dans les médias et propagande, comme l'a appris à ses
dépends USAID cette semaine. L'agence a effectivement annulé une proposition de contrat à des
photographes afin de mettre en avant « une image positive »
de son action en Afghanistan. Le but, selon un représentant d'USAID, était notamment de mieux informer les Afghans sur l'assistance
américaine, ce qui a été dénoncé comme une simple tentative de
propagande au détriment de l'action de terrain.
Les artistes afghans actifs sur la scène internationale sont peut-être le moyen de développer une image positive du pays et de rappeler sa riche culture. C'est notamment le message du Dr. Ahmad Sarmast, à l'origine du Afghan Youth Orchestra, mélange original de musique traditionnelle afghane et de musique classique, qui permet à 175 garçons et filles défavorisés d'apprendre la musique et de recevoir une éducation complète. Cet orchestre, associé à l'Institut National de Musique Afghan et au Ministère de l'Éducation, se produit désormais à travers le monde, exemple de réussite pour le pays où, sous le régime des Taliban, la musique profane était interdite et les instruments brûlés. La musique permet donc d'illustrer l'émergence de la liberté de création et de parole dans le pays. Ainsi, Hasan Besmil a surpris son auditoire lors de son passage dans l'émission Qabe Goftogo sur Tolo Tv, avec des paroles très engagées en faveur de la signature de l'accord bilatéral de sécurité avec les États-Unis. Il s'agit là de la dernière composition du chanteur très populaire de musique traditionnelle.
L'art, un moyen de changer l'image du pays -
Les artistes afghans actifs sur la scène internationale sont peut-être le moyen de développer une image positive du pays et de rappeler sa riche culture. C'est notamment le message du Dr. Ahmad Sarmast, à l'origine du Afghan Youth Orchestra, mélange original de musique traditionnelle afghane et de musique classique, qui permet à 175 garçons et filles défavorisés d'apprendre la musique et de recevoir une éducation complète. Cet orchestre, associé à l'Institut National de Musique Afghan et au Ministère de l'Éducation, se produit désormais à travers le monde, exemple de réussite pour le pays où, sous le régime des Taliban, la musique profane était interdite et les instruments brûlés. La musique permet donc d'illustrer l'émergence de la liberté de création et de parole dans le pays. Ainsi, Hasan Besmil a surpris son auditoire lors de son passage dans l'émission Qabe Goftogo sur Tolo Tv, avec des paroles très engagées en faveur de la signature de l'accord bilatéral de sécurité avec les États-Unis. Il s'agit là de la dernière composition du chanteur très populaire de musique traditionnelle.
La portée et la signification de l'art sont justement
abordées dans l'entretien avec Meena Saifi. L'artiste peintre afghane explique que l'art
permet de partager notre imagination avec le monde, mais aussi de
faire entendre sa voix intérieure. L'un des motifs récurrents de
ses œuvres est l'oiseau, vu comme un symbole de liberté, d'espoir et de paix.
Son succès grandissant lui permet de faire
(re)découvrir la résilience, la beauté et la richesse de son pays
d'origine.
Enfin, l'art est également un moyen pour Khadim Ali, peintre Hazara qui après avoir longtemps vécu en
exil au Pakistan est aujourd'hui installé en Australie, de retrouver
son identité et de se réconcilier avec une histoire difficile. Son travail prend racine dans la riche mythologie afghane, qu'il
réinterprète de manière très moderne. Ses œuvres se retrouvent
non seulement sur toile mais également sur des tapis, pour lesquels
une équipe de tisseurs traditionnels de Kaboul mêlent techniques
ancestrales et informatiques.
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