4.3.13

Syngué Sabour - Du livre au film -

Atiq Rahimi s'est inspiré d'une histoire qu'on lui a racontée sur un père de famille plongé le coma après une tentative de suicide. L'auteur a ensuite imaginé ce que pourrait dire la femme à ce mari inerte et muet, lui confiant ses doutes, ses peurs, ses reproches face à cette société régie par l'homme et oppressante pour la femme.


Quelque part en Afghanistan. 
Dans une chambre vide de tout ornement ou presque, un homme est allongé, inerte, moribond. 
C'est un ancien guerrier qu'une balle dans la nuque a laissé à demi-mort. 
Son épouse est auprès de lui, elle le soigne, le lave, le veille. Et surtout, elle lui parle, comme jamais elle n'a pu le faire. 


Le film est un long monologue de la jeune femme avec son mari inerte, alors que le monde s’écroule autour d’elle, à coups de rafales de kalachnikovs, de roquettes, et d’imams ripoux.

Un roman qui s'apparente au théâtre, par le lieu unique où se situe l'action, par les phrases brèves, factuelles, qui ressemblent à des didascalies, par le coup de projecteur dirigé sur le personnage féminin, cette femme belle et désespérée qui fait entendre sa voix avec la force d'une tragédienne. 
Remarqué avec le très beau "Terre et cendres", qu'il a lui-même adapté au cinéma, Atiq Rahimi tient davantage du dramaturge que du romancier dans ce texte intense, dont l'économie de mots et l'écriture dépouillée, sobre, démunie de tout artifice, confère à l'œuvre une dimension universelle, intemporelle sur l'asservissement des femmes d'Orient et d'ailleurs. 
Pour la toute première fois, c'est en français que l'auteur d'origine afghane a décidé d'écrire. 
Une façon de saluer son pays d'adoption et une bonne idée puisque l'œuvre a remporté le prix Goncourt en 2008.


Atiq Rahimi, né le 26 février 1962 à Kaboul, Afghanistan, est un romancier et réalisateur de double nationalité française et afghane.

Il a reçu le Prix Goncourt le 10 novembre 2008 pour son roman 

"Syngué sabour. Pierre de patience".

En 2011, il revient chez POL avec "Maudit soit Dostoeisvski".
Il réside en France mais retourne en Afghanistan depuis la chute des talibans.

Concernant sa religion il se définit comme :
« Je suis bouddhiste parce que j'ai conscience de ma faiblesse, je suis chrétien parce que j'avoue ma faiblesse, je suis juif parce que je me moque de ma faiblesse, je suis musulman parce que je condamne ma faiblesse, je suis athée si Dieu est tout puissant. »


"Maintenant, c'est ton corps qui te juge. Il juge ton âme. C'est pourquoi tu ne souffres pas dans ton corps. Parce que tu souffres dans ton âme. Cette âme suspendue qui voit tout, qui entend tout, et qui ne peut rien faire, qui ne contrôle même plus ton corps."
"Cette voix qui émerge de ma gorge, c'est la voix enfouie depuis des milliers d'années."
"Bonheur, malheur, gloire défaite... Les moments se succèdent, l'un n'est jamais très éloigné de l'autre"
"Ma tante n’a pas tort de dire que ceux qui ne savent pas faire l’amour, font la guerre."