31.12.12

Message de Mr Ayrault, Premier Ministre Français à l'UNESCO - Stand Up For Malala




Monsieur le Président, 
Madame la Directrice générale, 
Mesdames et Messieurs,

Etre ici parmi vous est un honneur et une évidence.

Parce que c’est aujourd’hui la Journée des Droits de l’Homme et que leur défense est pour la  France une mission sacrée, une part essentielle de son identité.
Parce que nous rendons hommage à Malala Zousafai, une jeune fille dont le nom sonne  comme celui d’une victoire dans la guerre contre la barbarie et l’obscurantisme.

Parce que nous sommes à Paris, au siège de l’UNESCO, une organisation dont la mission est  noble entre toutes et que nous sommes fiers d’accueillir, Madame la directrice générale, dans  notre capitale.


Ce qui nous unit ici, c’est une commune indignation. Le responsable politique que je suis se  méfie de l’irruption des émotions dans le domaine des idées et dans la vie publique. Mais  l’émotion est utile lorsqu’elle pousse à la révolte contre l’inacceptable.

L’inacceptable, c’est qu’une jeune fille puisse être empêchée, comme des milliers d’autres,  d’accéder à l’école, au savoir, à la maîtrise de sa propre vie. L’inacceptable, c’est que pour  avoir dénoncé cette situation, elle ait pu être sauvagement agressée.
Refoulée à l’entrée de l’école et presque assassinée en la quittant : la barbarie, la violence et  l’obscurantisme mêlés ont fait de la vie de Malala un cauchemar, à un âge auquel un enfant  devrait n’avoir encore que des rêves.

Si nous ne devions retenir qu’une chose de l’histoire de Malala, ce serait que la prétendue  relativité des Droits de l’Homme est une fable et une supercherie. Devant son histoire, qui ne  ressent pas colère et révolte ? Qui peut accepter qu’un enfant soit privé d’accès à l’école,  simplement parce que c’est une fille ? Et que cette jeune fille soit agressée pour avoir dénoncé  cette terrible injustice ?

Les Droits de l’Homme sont universels et quand ils sont méprisés, c’est chaque être humain  qui a le devoir de s’indigner. Il n’y a point de débat philosophique ou sociologique à avoir, le  cœur parle, sans distinction de race, de sexe ou de religion. L’inacceptable n’a, hélas, pas de  limite, mais il n’a pas non plus de frontière.


Mesdames et Messieurs,

Ce que le drame de Malala nous enseigne également, c’est que nous avons eu raison de faire  de l’éducation des enfants, et en particulier des filles, un objectif prioritaire de l’aide au  développement. Parce que seule l’école permet aux enfants de préparer leur avenir.

La communauté internationale s’est mobilisée en l’an 2000 pour que tous les enfants du monde aillent à l’école en 2015. A travers les objectifs du millénaire pour le Développement d’une part, et à travers l’initiative « Education pour tous » d’autre part, que l’UNESCO est  chargée de coordonner.

Les résultats sont significatifs, mais beaucoup reste à faire : 61 millions d’enfants ne sont  toujours pas scolarisés ; la part de l’aide publique au développement consacrée à l’éducation est restée constante, à environ 12% ; et la scolarisation des filles reste en retard.

Diverses initiatives ont été prises en conséquence et je veux les saluer :

- c’est le « Partenariat mondial pour l’éducation des  filles et des femmes », lancé par  Hillary Clinton en mai 2011 ;                                                                                                                                                                                     
- c’est la nomination de Gordon Brown [présent à la tribune] en juin dernier en qualité  d’Envoyé spécial des Nations Unies pour l’éducation mondiale. Je lui souhaite plein  succès dans sa mission et je confirme la pleine disponibilité de mon gouvernement à  travailler avec lui ;
- c’est aussi le lancement par Ban Ki-Moon de l’initiative « L’éducation d’abord ! », en  septembre, pour tenter de combler le retard.

La France, pour sa part, reste pleinement engagée sur ces objectifs, notamment au travers de 
l’action de l’Agence française de développement.

Mesdames et Messieurs, 

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Humanité rassemblée a progressé de manière décisive en identifiant les principes simples que chacun reconnaît comme essentiels.

Mais l’adoption solennelle, le 10 décembre 1948, de la Déclaration universelle des Droits de  l’Homme, n’a pas mis fin à la lutte. 
L’histoire de Malala, mais hélas beaucoup d’autres également, montrent bien que la violence, le mépris de la dignité humaine, le rejet de la liberté et du libre arbitre restent une menace permanente.

Grâce à un blog et à la liberté de diffusion de la parole que permet internet, une voix ténue, mais en même temps tellement forte, s’est élevée contre l’inacceptable. Et elle a été entendue. 
L’espoir pour l’avenir est là. Et l’UNESCO peut contribuer à le faire vivre au bénéfice de tous les enfants du monde qui ont droit à l’éducation. 

Nous comptons sur vous, Madame la Directrice générale. 
Je vous remercie.