22.12.11

Les nouvelles de la semaine

Quelques nouvelles croisées du terrain et du bureau… A Kaboul comme à Paris, cette semaine Afghanistan Demain était à l’actu ! Récit des performances de nos enfants aux 70 ans de l’AFD et de notre soirée culturelle aux Lilas.

Le samedi 17 décembre, l’Agence Française de Développement (AFD) qui finance 50% de notre budget depuis 2008, fêtait à Kaboul ses 70 ans. Pour l’occasion, neuf ONG françaises qui œuvrent en Afghanistan : Afghanistan Demain, AFRANE, ACTED, MADERA, Afghanistan Libre, Solidarités internationales, La chaîne de l’espoir, Sport Sans Frontières et GERES, avaient été invitées.

L’anniversaire évènement qui s’est déroulé à l’Institut Français d’Afghanistan (IFA) dans le lycée Esteqlal (lycée français de Kaboul), a été introduit par le discours de la responsable de l’IFA, Guilda Chahverdi, suivi de celui du chef de la mission locale de l’AFD, Bruno Juet. Une présentation avec photos des activités menées par chaque organisation avait été exposée par les ONG elles-mêmes. Les enfants aussi se sont impliqués dans les festivités, en dévoilant une partie de leur travail. Les ateliers couture et perles de nos centres ont beaucoup plu. Par ailleurs, trente de nos enfants avaient préparé trois spectacles de marionnettes qu’ils ont présentés au public. Quant aux représentations des autres associations, entre autres, les enfants membres de Sport Sans Frontières ont fait une démonstration sportive, et ceux d’AFRANE ont joué un cours sous forme de scénette.


De nombreux journalistes ont couvert la journée. Les interviews des directeurs de centres et des enfants d’Afghanistan Demain ont été retransmises sur les chaînes de télévision afghanes.

Depuis samedi, l’exposition "10 ans d’activités de l’AFD en Afghanistan" figure dans les locaux de l’IFA, et ce jusqu’au 25 janvier prochain.




A Paris…

La même semaine, mercredi 14 décembre, Afghanistan Demain avait été invité à participer à la soirée organisée par l’Observatoire de la Diversité Culturelle autour de l’Afghanistan, à l’Espace Culturel Jean-Cocteau des Lilas.

La soirée a débuté avec la projection de Nassima, Une vie confisquée, documentaire réalisé en 2008 par la comédienne Marianne Denicourt. Le film retrace le combat mené par les assistants sociaux d'Afghanistan Demain, afin qu'une petite fille de 9 ans, donnée en mariage en échange de l'annulation d'une dette de la famille, puisse continuer à aller à l'école. Il met en exergue tout le travail et l’énergie mis en œuvre par le personnel d’Afghanistan Demain qui est nécessaire en amont de la scolarisation et vise à convaincre les familles, parfois même les chefs de village, du bienfait d’envoyer les enfants, en particulier les filles, étudier dans nos centres. On voit toute la difficulté de faire face au poids des traditions, qui demeure très lourd dans le processus d’émancipation du peuple.

Nous avons ensuite pu apprécier la musique traditionnelle afghane jouée au rubab par Fady Zakar unie à la récitation de poèmes persans écrits par des femmes afghanes qui disent leur souffrance à travers la parole poétique. Mêlant dari et français, Ariane Zolaïkha Ali et Célia Demoor, deux jeunes symboles des liens qui unissent l’Afghanistan et la France, ont lu trois poèmes, significatifs de la douleur des femmes afghanes mais aussi de leur militantisme et de leur perpétuelle insoumission. Je ne reviendrai jamais, ci-dessous, a été écrit par Meena, figure politique afghane, activiste pour l’organisation, l’éducation et la liberté d’expression des femmes, née en 1956 et assassinée par les services secrets soviétiques en 1987 pour son engagement infaillible. Ce poème, qui est un témoignage universel et éternel de la force de la femme en temps de guerre, a été publié dans le premier numéro du magazine bilingue Payam-e-Zam ("Message de femmes") fondé par Meena en 1981. Ecoutez le poème déclamé par son auteure.





















Puis, Nicole Barrière, poétesse française engagée qui a notamment dirigé le projet "Caravansérail, 1001 poèmes pour la paix et la démocratie en Afghanistan" lancé en 2001, a pris le relai avec une forme de poésie populaire improvisée par les femmes pachtounes, les landays – "le bref" : deux vers, un chant d’une intensité et d’une violence foudroyante, un instantané d’émotion qui dit la révolte et remplace le suicide. Les landays, dont figure un exemple ci-dessous, sont extraits du recueil de Sayd Bahodine Majrouh Le Suicide et le chant, sorti aux Editions "Connaissance de l’Orient/Gallimard" en 1994.

« Demain les affamés de mes amours seront satisfaits

Car je veux traverser le village à visage découvert et chevelure au vent. »


Après la dégustation d’une collation afghane préparée par l’association Pas Sans Toit, nous nous sommes à nouveau retrouvés dans l’auditorium de l’espace culturel pour la séance de discussion entre les intervenants et avec la salle, animée par Fulvio Caccia, directeur de l’Observatoire de la Diversité Culturelle. Outre Afghanistan Demain, Nicole Barrière, ainsi que Français Langue d’Accueil et la Cantine Afghane, deux associations qui regroupent des personnes résidant en France et des exilés afghans, y étaient conviées. De la situation des demandeurs d’asile à la scolarisation des filles en Afghanistan en passant par la poésie afghane et la diversité culturelle et ethnique du peuple afghan, les sujets abordés et les points de vue ont été divers, et le public s’est montré participatif. La discussion et la soirée dans l’ensemble auront ainsi permis de donner la parole aux Afghans et de s’éloigner des clichés qui circulent autour de ce pays à la richesse encore trop peu connue.

Les photos de la soirée aux Lilas sont disponibles sur notre page facebook.