10.10.14

Revue de presse 10.10.14

Les premiers pas d'Ashraf Ghani... :

... se font dans ceux de Rula, son épouse, étoile montante des médias, alors qu'aucune action concrète, nulle interview ni prise de parole publique ne sont encore venues valider les propos de son mari, tenus le jour de son investiture, par lesquels il remerciait sa femme pour son soutien et assurait que celle-ci aurait un rôle à tenir dans la conduite des affaires de la nation. Pourtant, dans un pays dont l'un des proverbes - pachtoune - assure que "La place d'une femme est soit à la maison, soit dans la tombe" - les mots du nouveau président ont fait forte impression et ont attiré l'attention des journalistes sur celle qui se tenait à ses côtés.

Rula Ghani et son mari, Ashraf Ghani, en avril 2014 - AFP/Wakil Kohsar

Ainsi, Aljazeera se demande si la nouvelle première dame du pays peut déjà se comparer à la Reine Soraya, l'épouse du roi Amanullah qui, dans les années 1920, déclarait aux afghans : "Je suis votre roi, mais le ministre de l'éducation est ma femme, votre reine". La reine Soreya était connue pour sa sensibilité européenne, la défense d'idées modernes, elle préconisait publiquement l'abandon du voile et militait pour la monogamie, elle fut la première à ouvrir des écoles pour filles, ce qui, à cette époque déjà, était perçu par la majorité comme une forme de... radicalisme.
Le journal analyse que Madame Ghani - qui maitrise le perse, l'arabe, le français, l'anglais - est celle que les élites progressistes de Kaboul espèrent depuis longtemps, celle dont il est souhaité qu'elle redonne à la fonction de première dame un rôle oublié depuis son illustre et royale précédente du siècle dernier, là où, 15 ans après la chute des talibans, seuls 20% des sièges parlementaires sont occupés par des femmes. Cependant, ce rôle ne sera pas facile à assumer, tant les critiques et les attaques, de la part des composantes les plus conservatrices de la société, commencent à tomber. Pour ces dernières, la religion chrétienne de l'épouse du nouveau président est une faute rédhibitoire ; des rumeurs infondées circulent, sur les réseaux sociaux, qui accusent Rula Ghani de vouloir christianiser l'Afghanistan. L'un des principaux Imams de Kaboul, Mawlawi Habibullah Hussam, se fait le porte-parole des nombreux mécontents et déclare que la nouvelle première dame, en tant que non musulmane, ne peut pas avoir la confiance des croyants et que cela constitue un "problème très grave" ("a very serious issue"). Shukria Barakzai, activiste féministe élue au parlement, s'est publiquement exprimée pour contrer ces accusations, en déclarant que Rula Ghani est citoyenne afghane depuis longtemps et que rien, dans la Sharia, n'interdisait à un musulman d'épouser quelqu'un d'une autre religion.
 
Loin des rumeurs et des allégations, Aarya Nijat, qui a travaillé pour le développement institutionnel de la gouvernance afghane, dresse un historique, dans un article paru dans FP, la chaine de l'Asie du Sud, de la position de la femme en Afghanistan, à l'aune de ce que l'arrivée de Rula Ghani pourrait changer. Elle rappelle que la cause de l'émancipation féminine était l'une des raisons pour laquelle la coalition est entrée en guerre contre son pays, et qu'il s'en est suivi 12 années de lutte entre la tradition - la femme à la maison - et une mise en forme légale de la protection de ses droits, qui débouche aujourd'hui sur "une reconnaissance sur le papier" bien plus que sur une "pratique massive et publique des valeurs de l'égalité de genre". Dès le départ, explique-t-elle, il y a eu une erreur de compréhension de ce que devaient être les droits des afghanes, qui ont été pensés d'après "un récit international de l'émancipation féminine" sans se soucier de savoir comment "ce discours pouvait s'adapter à la réalité locale". Le résultat ? Une "stratégie faussée, qui n'a jamais affirmé que le droit des femmes était aussi urgent et vital que l'emploi, la sécurité, la santé et a préféré créer un Ministère des Affaires Féminines et un Ministère de l’Égalité des Genres, vides de sens et de pouvoir". Cela est dû au fait que l'Afghanistan s'est trop facilement laissé conduire par des "experts", sur ces questions, venus de l'occident et parés d'une "autorité technique" jamais remise en cause.La seule possibilité d'évolution, pense-t-elle, passe certes par un questionnement des politiques et des stratégies sur ces problématiques, mais plus encore par une "connexion organique" entre le concept d'interpénétration des idées et l'urgence de faire de l'égalité de genre une préoccupation première pour la plus grande partie du spectre politique et économique du pays.

Sur le terrain politique :

James Cameron, chef du gouvernement anglais, est le premier leader occidental à avoir rendu visite au nouveau président afghan. 


Le New York Times rapporte que Mr. Cameron est venu assurer Mr. Ghani du soutien indéfectible de la Grande-Bretagne, tout en lui rappelant que le prix payé par les soldats britanniques - 453 morts - devait servir à l'autonomie des troupes des forces nationales et qu'il était temps, pour L'afghanistan, d'assurer sa propre sécurité. Cette déclaration permet au journal de rappeler que le résultat de la présence militaire anglaise dans la province du Helmand - le long de la frontière pakistanaise - donnait à réfléchir : les troupes britanniques ont vite été entrainées dans une longue série de combats sanglants qui, malgré un soutien américain arrivé en 2009, n'ont jamais sécurisés la région jusqu'à ce jour. Mr. Ghani a chaudement remercié Mr. Cameron pour le sacrifice des soldats anglais, en rappelant toutefois que ses "alliés de l'ouest" étaient aussi venus pour "sécuriser leurs propres intérêts"...

L'un des médias nationaux les plus importants, Tolo TV, se penche sur les "défis qui attendent la nouvelle administration au cours de ses 100 premiers jours d'exercice du pouvoir". Dans un article paru sur son site, Tolo TV note que Mr. Ghani a déjà réalisé trois de ses promesses de campagne : signer l'accord bilatéral de sécurité avec les États-Unis, ré-ouvrir l'enquête sur le scandale de la banque de Kaboul (en 2012, les journaux anglo-saxons révélaient que les dirigeants de cette dernière s'étaient octroyés, à eux et à leurs proches, pour des dizaines de millions de dollars de prêts, sans jamais les rembourser) et a réaffirmé, au cours d'une allocution, sa volonté de de ne jamais relâcher les meurtriers et les contrebandiers aujourd'hui emprisonnés ; nulle grâce ne sera donnée. Tolo TV se satisfait de ces premières décisions et rappelle qu'il reste 98 points à honorer, dans les secteurs économiques, culturels, politiques.

Pourtant, la première décision de justice prise par Mr. Ghani a soulevé une indignation internationale. Tolo TV, dans un autre article, indique que six des hommes accusés d'avoir kidnappé et violé quatre femmes, le mois dernier, près de Kaboul, ont été pendus, vendredi dernier, dans la prison de Pol-e-Charkhi. Si leur culpabilité ne faisait aucun doute, les Nations-Unies, Amnesty International, l'Union Européenne et Human Right Watch, tout en reconnaissant l'horreur des crimes,  se sont désolé que le procès ait été expéditif, les prévenus torturés pour obtenir leurs aveux, et que ces faits vont "à l'encontre de la constitution afghane", alors que Mr. Ghani tenait là l'occasion de "montrer le sérieux des réformes judiciaires qu'il a promis".

Du football en vélo :

Anecdotique ? Dans le stade de la capitale totalement vide s'est tenue la finale de la ligue féminine de football, victoire de Kaboul sur Herat 5 buts à 1.

An Afghan female football player of Kabul's team (C) vies for the ball with her Herat opponent in the final match at the Afghanistan Football Federation stadium in Kabul on October 3, 2014

Pourtant, les hommes étaient invités à venir encourager les joueuses. Mais, raconte l'une des rares spectatrices, présente avec son mari et son fils de 10 ans : "Nous avons eu des problèmes à l'entrée. Ils ne voulaient pas laisser entrer mon mari. Nous avons dû insister". Le service de presse dément toute pression sur les spectateurs mâles pour leur interdire l'entrée du stade et assure que l'accueil sera amélioré l'année prochaine.

Nasir Ahmadzai

Read more on: http://www.orange.mu/kinews/afp/football/384382/small-crowd-big-hopes-for-afghan-women-s-football-league

More news on: http://www.orange.mu/kinews/

Follow us: @OrangeMauritius on Twitter | Orange on Facebook
Nasir Ahmadzai

Read more on: http://www.orange.mu/kinews/afp/football/384382/small-crowd-big-hopes-for-afghan-women-s-football-league

More news on: http://www.orange.mu/kinews/

Follow us: @OrangeMauritius on Twitter | Orange on Facebook
Nasir Ahmadzai

Read more on: http://www.orange.mu/kinews/afp/football/384382/small-crowd-big-hopes-for-afghan-women-s-football-league

More news on: http://www.orange.mu/kinews/

Follow us: @OrangeMauritius on Twitter | Orange on Facebook
Pendant ce temps, Sparknews suit l'entraînement de l'équipe nationale féminine de cyclisme, qui, où elle le peut dans Kaboul, se trouve des routes pour pratiquer.

8 Mountain2Mountain Photo 2


La vue de femmes sur des vélos fait beaucoup réagir les citadins, lesquels ne sont pas tendres avec ces sportives : insultes, jets de pierres, voitures qui menacent de renverser les coureuses ; cela ne les décourage pas. Elles bénéficient d'une subvention gouvernementale (17 dollars par mois et par cycliste), du soutien d'une ONG américaine et emmagasinent de l'expérience, dans le but de participer, en 2020, aux Jeux Olympiques de Tokyo.



















































Aucun commentaire: