Voici la réédition mise à jour, aux Presses
Universitaires de Grenoble, de l’ouvrage « Afghanistan, gagner les cœurs
et les esprits », initialement paru en
2011, dans lequel universitaires,
journalistes, humanitaires, croisent leurs analyses quant aux raisons qui
alimentent encore la guerre dans le pays, posent le bilan de la décennie
écoulée et postulent, pour le futur, d’autres scénarios que ceux d’une violence
continue.
Cette réédition est couplée à un site compagnon, sur
lequel il est possible de télécharger des cartes actualisées qui présentent
l’Afghanistan dans sa dimension géographique, ethnolinguistique, tribale, et
offre de nombreuses autres données pour prolonger et visualiser celles
présentes dans le livre (http://afghanistangagnerlescoeurs.jimdo.com/cartes/).
Celui-ci est rédigé sous la direction de Pierre
Micheletti, ancien Président de Médecins du Monde France, actuellement professeur
associé à l’Institut d’Études Politiques de Grenoble, qui a mené plusieurs
missions humanitaires en Afghanistan et signe ici l’introduction et la
conclusion de l’ouvrage.
C’est lui que nous avons choisi d’interviewer, afin
qu’il nous donne les clés d’une bonne compréhension de la situation actuelle de
l’Afghanistan.
Trente ans de conflits, dont douze depuis l’arrivée
de la coalition internationale en 2001, n’ont-ils pas instauré une
« économie de guerre » extrêmement profitable à tous les acteurs
(seigneurs locaux, talibans, classe politique affairiste, sous-traitants privés
occidentaux), qu’une transition vers une paix durable priverait d’une situation
de confort ?
Oui, en effet. Les dividendes de la production
d’opium, les détournements de l’aide civile et militaire, le juteux commerce de
la protection - par des sociétés privées - de personnalités politiques et des convois, le
pillage des richesses du sous-sol, et les bakchichs en tous genres aux postes
frontières sont des pratiques solidement implantées. Ces activités profitent
tant à des potentats issus de la société afghane, qu’à des personnes et/ou des
groupes étrangers. Une paix durable, du moins si elle permettait enfin
l’instauration d’une État de droit et une lutte efficace contre les trafics et
détournements en tous genres, remettrait en question ces sources énormes de
richesse, pour ceux qui tirent les ficelles comme pour toute la chaîne de
bénéficiaires de ces revenus.
Le sentiment général est que, une fois les troupes
étrangères parties, il ne faudra pas longtemps aux talibans pour renverser une
gouvernance installée « par dépit » lors des dernières élections (il
a été préféré un partage du pouvoir entre les deux finalistes, messieurs Ghani
et Abdullah, plutôt que de s’appesantir sur les fraudes massives et les irrégularités
qui ont envoyé ces deux candidats au second tour et les ont ensuite empêché de
se différencier), et dont le bras sécuritaire (armée, police) ne s’étend pas
plus loin que Kaboul et sa proche périphérie. Les récents évènements (attaque
du centre culturel dans la capitale, vagues quotidiennes d’attentats, autre
assaut sanglant dans une école de Peshawar, lequel pointe le facteur
transfrontalier du conflit), ne vont-ils pas dans le sens d’un proche contrôle
du pays par ceux qui en ont perdu les rênes en 2001 ?
L’analyse rétrospective des actions violentes en
Afghanistan nous apprend que deux phénomènes sont récurrents : la
saisonnalité des actions armées pendant les mois d’été et la recrudescence des
attaques avant chaque échéance politique importante. Quand l’hiver est installé
dans le pays, du fait des difficultés de déplacement liées au relief et à la
neige, le nombre d’actions violentes dans les provinces diminuent globalement
en valeur absolue pour se concentrer sur le milieu urbain toujours plus
accessible. Nous y sommes à nouveau. Mais dans le cas présent, ce principe de
réalité géographique et climatique se télescope avec la fin annoncée du retrait
du contingent de la coalition internationale, dont les effectifs ont atteint un
paroxysme (vers 2009-2010) avec 130 000 hommes, pour, à partir de 2015,
être réduits à environ 15 000 soldats étrangers (majoritairement des États
Unis d’Amérique) mobilisés sur des actions de formations et de soutien
ponctuels à l’ANA (Armée Nationale Afghane). Comme à chaque échéance les
groupes armés les plus puissants de l’insurrection « occupent le
terrain » par des actions violentes et spectaculaires afin de montrer leur
capacité à agir militairement. Pressentant que tôt ou tard viendra le temps de
la négociation, ils instaurent un rapport de force qui les identifie comme des
interlocuteurs incontournables. Ceci dit, les différents événements que vous
évoquez, qui se cumulent pour aboutir en effet à un sentiment global de terreur
et de fragilité du régime en place, sont parfois le fait de groupes distincts,
dont les logiques et les chaînes de commandement ne sont pas nécessairement
communes ou unifiées.
La stabilité d’un pays passe obligatoirement par une
bonne assise économique. Or, le livre dresse le dur constat d’un modèle paysan
en pleine faillite, qui préfère la culture du pavot, pourtant à peine plus
rentable pour le cultivateur, ce qui conduit le pays à toujours rester
dépendant des exportations, à ne même pas être en autosuffisance alimentaire.
Dans les villes, une grande partie des emplois dépendait de la présence des
forces étrangères, leur départ conduit à une hausse mécanique de la
criminalité, du fait de la hausse abrupte du chômage. Ce bilan peut-il être
nuancé ?
C’est une question complexe. Mais elle est bien sûr
cruciale pour la population afghane.
Durant l’année 2012, deux
réunions internationales ont eu lieu, de première importance pour l’avenir du
pays, en ce qu’elles formalisèrent le soutien militaire et non-militaire qui sera
apporté à l’État afghan par les pays donateurs ou engagés militairement au sein
des forces de la coalition internationale.
Le sommet de l’OTAN à Chicago s’est tenu au
mois de mai 2012. Il a entériné le principe du maintien d’un effort financier à
hauteur de 4,1 milliards de dollars par an jusqu’en 2014 pour soutenir les
forces armées afghanes. En juillet de la
même année, se tenait le deuxième sommet de Tokyo, le premier avait eu lieu en
2002 pour jeter les bases de la « reconstruction » du pays, après la
défaite des talibans. Il a réuni les
pays donateurs, les organisations internationales et le gouvernement afghan
pour discuter du développement du pays sur le long terme. Dans un pays où le
PIB est estimé à 17,24 milliards de dollars (2010), une étude récente de la
Banque Mondiale souligne que les revenus afghans seront, pendant des années,
incapables de couvrir les dépenses de l’État. Si on en croit les canons de cet
organisme, et le modèle économique qu’il préconise comme financeur, le déficit
budgétaire est estimé à 21% en 2025, avec un pic à 39% en 2014, avec des
dépenses de sécurité qui représenteraient près des trois-cinquièmes du déficit
accumulé jusqu’en 2025.
Même s’il n’y avait pas de convulsion politique
majeure après le retrait de la coalition, il est donc établi que le budget de l’État sera largement déficitaire en 2016 et 2017, du moins si le pouvoir en
place veut maintenir un niveau de ses forces armées à la hauteur des ambitions
affichées par les stratèges du Pentagone (et malgré les forts taux de désertion
chronique que connaît l’ANA de longue date).
C’est
le premier élément de l’équation économique globale.
Une détérioration politique qui entrainerait le pays
dans une violence à grande échelle viendrait affaiblir encore l’État. C’est
malheureusement un scénario envisageable, même s’il n’est pas certain, et que
personne ne peut prédire avec certitude ce que peut donner la situation politique
à partir de 2015.
Reste également à savoir si ce qui a été promis à
Tokyo, sera honoré par les pays donateurs avec une activité internationale qui
multiplie les crises majeures (RCA, Soudan du Sud, Syrie, Irak…). Le risque est
en effet important qu’on assiste à une sortie des « écrans radar » de
l’Afghanistan, les grandes puissances –et leurs opinions publiques – étant
tout absorbées par les crises citées ci-dessus. Elles seront alors tentées de
vendre le scénario du « tout va bien, preuve en est que la coalition s’est
retirée, mission accomplie »…
Cependant les mécanismes économiques que vous
évoquez ne disparaîtront pas comme par enchantement. L’état de la petite
paysannerie est à cet égard emblématique d’une agriculture profondément
déstructurée par des mesures qui remontent à la période soviétique (79-89) et
aux profonds chamboulements culturaux alors mis en place par des ingénieurs
soviétiques. Ils ont fait fi des
pratiques ancestrales, en matière de choix des productions comme des procédés
d’irrigation. Aujourd’hui d’autres mécanismes sont en œuvre, qui
renforcent la dépendance des agriculteurs vers la production d’opium. Il s’agit
en particulier des systèmes de prêts usuriers consentis aux agriculteurs pour
optimiser les rendements sur les terres consacrées à la production de pavot.
Les niveaux d’endettement pour payer les intrants sont tels, que seule la
production de pavot permet d’y faire face, maintenant le monde rural dans une
dépendance qui la détourne des techniques ancestrales préoccupées d’auto
suffisance alimentaire.
La
récolte de pavot de 2006 se montait à 6 100 tonnes, puis 8 200 tonnes
en 2007, 7 700 tonnes en 2008 et 6 900 tonnes en 2009. Pire, à
l’heure ou s’achève le retrait de la coalition, la production de drogue connaît
une nouvelle accélération. Pour la seule année 2011, la production d’opium a
connu une hausse de 7% dans le pays. Les données de l’Office des Nations unies
contre la drogue et le crime (UNODC) plaident pour un accroissement notable de
la production en 2013. Une enquête réalisée par cet organisme fin 2012 dans 546
villages du pays laisse apparaître une augmentation de 30% des surfaces
plantées. La production de drogue est dès lors estimée à 60% du PIB afghan.
Toujours au plan économique, on constate un
renforcement récent des liens entre l’Afghanistan et la Chine, laquelle semble
être prête à investir massivement dans les infrastructures et l’exploitation
minière. Au-delà des considérations politiques – la Chine craignant une
connexion entre les talibans et les militants indépendantistes ouïghours -, ce
nouveau géant a-t-il les moyens, la volonté, d’infléchir le destin
afghan ?
La Chine est l’un des acteurs majeurs de l’équation
régionale. Or par son positionnement géographique, l’Afghanistan est au cœur
d’une équation complexe qui met en jeu la coalition internationale, mais tout
autant les poids lourds des relations internationales que sont l’Iran, la
Russie, le Pakistan – et donc par ricochet l’Inde dans la longue rivalité que
se livrent ces deux pays – et enfin la Chine. C’est ce qui fait dire à Georges
Lefeuvre, l’un des co-auteurs de l’ouvrage, que l’Afghanistan est pris dans un
« big game » qu’il décrit comme relevant d’une logique de
« tectonique des plaques », tant les forces en présence sont
puissantes.
La Chine partage avec la Russie une préoccupation
double : elle redoute une contamination de ses provinces limitrophes par
un Islam radical ; et elle craint les effets délétères liés à la
production et à la consommation des dérivés du pavot que sont l’opium et
l’héroïne. Ce qui rappellerait à ce pays des pans de son histoire qu’il
souhaite définitivement révolus.
Mais la Chine est aussi le champion du réalisme
politique et économique. Son attitude et ses positionnements sont d’abord
dictés par des considérations commerciales et la volonté d’accéder aux
extraordinaires ressources minière de l’Afghanistan, ressources dont elle est
grosse consommatrice. Il est donc peu probable que la Chine sorte de cette
posture, même si dans le « big game » évoqué précédemment, elle est
l’alliée attentive du Pakistan, avec lequel elle a en partage une commune suspicion
et rivalité avec l’Inde…Ces dernières années « l’Empire du milieu » a
fait de gros efforts, en parallèle aux projets de coopération économique avec
l’Afghanistan, sur le soutien liés à la protection et à la valorisation de
certains sites historiques, parfois du reste précisément sur des territoires où
ses ambitions d’extraction minière avaient révélé et mis en danger des lieux de
riche patrimoine.
L’ouvrage aborde aussi la question des PRT et
l’amalgame de plus en plus souvent fait entre militaires et acteurs
humanitaires. Vous qui êtes intervenu plusieurs fois sur place, quelles sont
les implications concrètes de ce mélange des genres, et pourquoi a-t-on
l’impression que c’est à présent une stratégie établie sur tous les théâtres
d’intervention ?
Le titre même de l’ouvrage « Gagner les cœurs et les
esprits » traduit l’ambigüité qui consiste à manier de concert l’aide
humanitaire et l’action militaire. La formule elle-même semble avoir été
utilisée pour la première fois en 1952 par l’armée britannique en Malaisie,
alors colonie anglaise, pour faire face à un mouvement de révolte et de grève
d’une partie de la population. L’armée française en fera un large usage pendant
la guerre d’Indochine.
Les PRT (Provincial Reconstruction Teams = équipes de
reconstruction provinciales) ne sont au fond que la dernière déclinaison
contemporaine de stratégies anciennes. Il s’agit d’actions - comme par exemple
la reconstruction d’écoles ou de dispensaires- mises en œuvre par les forces
armées de la coalition.
Le président Bush résumait cette stratégie par une
formule choc : « Bombs and bread » (Des bombes et du pain…).
Ce qui est nouveau, et fait de l’Afghanistan une sorte de
« laboratoire », c’est la mise à contribution, à large échelle,
d’alliances entre troupes de la coalition et ONG internationales au service de
ces stratégies visant à « gagner les cœurs et les esprits »
Ici ces nouvelles doctrines militaires ont cherché à influencer le positionnement des ONG.
Les plus dépendantes financièrement, ou les plus politiquement perméables à ces
discours ont, par leur proximité avec les forces armées internationales, modifié la perception à l’égard de la
communauté humanitaire tout entière. Malgré son polymorphisme réel, le
mouvement humanitaire ne peut plus aujourd’hui échapper complètement à un
brouillage de l’image de sa neutralité et de son impartialité aux yeux d’une
partie des belligérants, et ce bien au-delà du théâtre afghan, conduisant à une
relative paralysie du mouvement humanitaire sur la scène internationale.
Les ONG qui veulent réaffirmer leur indépendance
vis-à-vis des stratégies militaro-humanitaires, soutenues en cela par le CICR
(Comité International de la Croix Rouge), se trouvent ainsi devant la nécessité
de revenir aux fondamentaux de l’action humanitaire en se dégageant de la
logique dans laquelle certains États de la coalition ont voulu les placer, au
premier rang desquels les États-Unis et la Grande Bretagne.
Aussi, pour pouvoir agir sur tout le territoire, les
organisations humanitaires internationales non gouvernementales, se
trouvent-elles, de fait, devant le choix d’établir le contact avec les talibans
pour négocier un réel accès aux populations en difficulté.
A lire entre les lignes des chapitres consacrés à la
question humanitaire, on a le sentiment que l’aide apportée aux populations ne
relève plus que des seules ONG, qu’il y a comme un transfert entres les
responsabilités des gouvernants – quels qu’ils soient – et l’action de ces
dernières. Avez-vous le sentiment que cela correspondrait à une volonté de
sous-traiter à moindre coût l’effort humanitaire, qu’il y aurait comme une
internationalisation du modèle américain, lequel délègue de plus en plus la
gestion de ses services sociaux à des associations et encourage la charité
privée ?
On peut comprendre et donc répondre à votre question
de différentes façons.
Il y a certes dans la sociologie et l’histoire
politique des États Unis d’Amérique, une tradition qui conduit à déléguer à des
organisations caritatives un certains nombres de services sociaux ou médicaux
aux plus démunis. Les ONG humanitaires américaines n’échappent pas complètement
à cet héritage. Mais dans le cas de l’Afghanistan les alliances sont plus
complexes car celles qui sont sur cette ligne deviennent alors de véritables
auxiliaires des troupes de la coalition internationales. Et dans le contexte,
cela n’a rien d’anodin.
En fonction des nouveaux rapports de force politiques qui
s’établiront dans le pays, trois critères permettront de maintenir les
interventions : la façon dont le gouvernement prendra en charge les
défaillances déjà repérées dans son fonctionnement actuel, la capacité des ONG
à agir sur les marges et à pointer les manques, ailleurs sur le territoire
afghan.
Mais sur ce dernier aspect reste à savoir si les
conditions de sécurité leur permettront de demeurer sur place, et d’être
actives…»
L’attitude des talibans à
l’égard des ONG internationales reste en effet hypothétique. Il est vrai que
d’aucunes ont eu un positionnement qui a pu traduire un manque de neutralité
dans le conflit
. Celles
concernées par une telle posture pourraient dès lors être conduites à la
paralysie ou au sauve-qui-peut dans les mois à venir, pour certaines dans
l’ombre de leurs mentors de la coalition internationale.
Pour conclure, quels sont les atouts de
l’Afghanistan pour enfin sortir d’une violence endémique qui engloutit
génération après génération ? Sa jeunesse (plus de 60% de la population a
moins de 30 ans) peut-elle être un facteur déterminant si elle est déterminée à
changer de modèle ?
Là encore
la réponse n’est pas facile.
En
Afghanistan comme ailleurs, la construction d’un Etat de droit ne se décrète
pas de l’extérieur, par imposition d’un modèle d’organisation politique
centralisé, copier-coller de l’histoire politique des pays occidentaux.
L’Afghanistan c’est aussi l’illustration d’un échec des stratégies du
« Nation buiding », sur le modèle onusien ou occidental.
Au plan
militaire, socio-économique et
politique, les 14 années de présence de la coalition internationale n’ont rien
résolu pour une large majorité de la population afghane.
Considérer
la place des talibans dans l’équation politique, c’est ipso facto ne pas réduire les
causes de la violence, comme on a
parfois pu le faire, à une lecture exclusivement religieuse, mais considérer le
rôle majeur des problèmes endémiques qui perdurent, dont les talibans font un
usage politique et un moteur du conflit armé.
L’État
afghan est défaillant dans sa capacité à se déployer partout sur le territoire
national. Ainsi 60% de la population rurale vit à plus d’une heure de transport
de toute structure de santé. Si les taux de mortalité maternelle se sont
nettement améliorés depuis 2005, le pays reste le 2ème au monde pour
cette cause de mortalité des femmes. Par contre les taux de malnutrition
globale et de malnutrition sévère chez les enfants se sont aggravés ces
dernières années. L’Afghanistan détient le triste record mondial de la
mortalité des enfants de moins de cinq ans. Dans certaines provinces (sud-est,
centre et ouest) les ratios d’offre de soins médicaux sont de un médecin pour
32 000 à 215 000 habitants.
À partir du
retrait des troupes soviétiques, en 1989, le pays avait glissé vers
l’indifférence. Il faudra les attentats du 11 septembre 2001 pour que
l’Afghanistan revienne au premier plan de l’agenda politique des pays
occidentaux.
S’engage-t-on
vers le même scénario alors que, sur le fond, demeurent, en interne comme au
niveau régional, nombre d’ingrédients du conflit ?
Pour nourrir la violence, s’entremêlent
intimement les racines propres à la situation afghane avec celles, importées,
qui la perfusent de l’extérieur.
Il faut espérer que l’Afghanistan, libéré de
toute présence étrangère sur son sol, finira par échapper à cette double
logique et, dans un cas comme dans l’autre, à trouver les voies d’une
résolution politique, pour, enfin, cesser d’être le pays de « l’éternité en
guerre ». Mais il n’y arrivera pas sans une réelle prise en compte de
la dimension régionale de ce conflit.
Comment
imaginer un avenir quelconque qui ne ferait pas une place à la jeunesse de ce
pays ?
Mais de là
à vous dire dans quelle mesure elle pourra peser…